Guillaume DES AUTELZ (1529-1581)XVI
(Recueil : Repos de plus grand travail)
De la persévérance de son amour
Ce grand Amour qui au beau de ma dame,
De mon esprit les yeux vaconduisant,
Est un Soleil, chauld, clair et reluisant
C’est proprement le Soleil de mon ame,
Ce beau Soleil de sa tresclaire flamme,
Me fait tout voir un univers plaisant :
Mais deson feu cruellement cuisant,
Trop ardemment il me brule et enflamme.
Car en son Ciel il est monté si hault,
Que je me sens desja fondre au plus chauld
De l’enragee et ardant’Canicule.
Et toutesfois à fin que je languisse,
De plus en plus sans faire aucun solstice,
Tousjours il monte et jamais ne recule.
Jean de LA FONTAINE (1621-1695)XVII
(Recueil : LesAmours de Psyché)
Les Amours de Psyché – Éloge de l’Amour
Tout l’Univers obéit à l’Amour ;
Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
Les autres dieux à ce dieu font la cour,
Et leurpouvoir est moins doux que sa flamme.
Des jeunes coeurs c’est le suprême bien
Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien.
Sans cet Amour, tant d’objets ravissants,
Lambris dorés,bois, jardins, et fontaines,
N’ont point d’appâts qui ne soient languissants,
Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines.
Des jeunes coeurs c’est le suprême bien
Aimez, aimez; tout le reste n’est rien.
Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)XVIII
(Recueil : Poésies inédites)
Amour, divin rôdeur
Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes,
Sans tevoir de mes yeux, je reconnais tes flammes.
Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs,
Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs…
C’est lui ! Sauve qui peut ! Voicivenir les larmes !…
Ce n’est pas tout d’aimer, l’amour porte des armes.
C’est le roi, c’est le maître, et, pour le désarmer,
Il faut plaire à l’Amour : ce n’est pas tout d’aimer !