François de Malherbe (1555-1628)
Né à Caen en 1555, François de Malherbe est fils d’un conseiller au présidial de cette ville. La première partie de sa vie est marquée par les guerres dereligion, qui éclatent en 1562. Son père l’envoie poursuivre des études de droit à Bâle et Heidelberg. Mais, en 1576, Malherbe renonce à la profession de son père et se tourne vers le catholicisme . Attachéà la personne du duc d’Angoulême (1576), il le suivit dans son gouvernement de Provence. À l’exception de deux séjours en Normandie (1586-1595 et 1598-1599), il vivra désormais à Aix jusqu’à l’âgede 50 ans. C’est en Provence qu’il se marie avec la fille d’un président au Parlement (1581), prend conscience de sa vocation littéraire, au contact de la poésie méridionale et de magistratshumanistes tels que le président Du Vair, auteur de divers traités moraux. Cependant Malherbe vieillissait sans devenir célèbre. Cherchant, depuis la mort du duc d’Angoulême (1586), un puissant protecteurqui voulût bien patronner son œuvre poétique, il avait en vain dédié Les Larmes de saint Pierre (qui, comme ses autres premières œuvres, se rattache plus à une esthétique baroque) à Henri III (1587) ;puis, à Marie de Médicis, une ode sur sa bienvenue en France (1600). Le cardinal Du Perron, qui admirait son talent, l’avait recommandé au roi sans plus de succès (1601).
Enfin, en 1605, Henri IVlui accorde une audience, lui commande un poème et, charmé de la Prière pour le roi allant en Limousin, le retient à la cour. Malherbe devient ainsi poète officiel pensionné, et le restera, sanséclipse, sous la régence de Marie de Médicis, puis sous Louis XIII, jusqu’à sa mort. Cet art officiel oblige Malherbe à se démarquer de l’esprit du temps. À l’exubérance, volontiers brouillonne, del’esthétique baroque (à laquelle il a souscrit dans ses premières années), Malherbe oppose un art ordonné, modulant une langue nette et policée, en une série de strophes parfaites. Il célèbre les grands…