L’édition au 18e

L’édition au 18e

Introduction :
De rares maîtres de métier, quelques marchands, des « coqs de village », des clercs, des gens de robe et des gentilshommes sont les seuls lecteurs du 16e siècle. Mais à partir de 17e siècle, la situation évolue, l’extension du lectorat devient possible grâce aux progrès de l’alphabétisation provoqués par l’amélioration du réseau scolaire. L’Eglise voit dansl’école un instrument d’évangélisation. Au 18e siècle, le bilan de cette entreprise de scolarisation laisse apparaître un net contraste entre les villes et les campagnes, où la densité du réseau et la qualité des écoles sont très irrégulières au milieu du 18e siècle, cette inégalité se traduit par une nette différence des taux d’alphabétisation : 28,5% dans les campagnes et 53% dans les villes.Qui sont les lecteurs

A. En Bretagne, les librairies sont présentes à Rennes, à Nantes, mais aussi à Saint-Pol-de-Léon, à Tréguier et à Landerneau. Ce réseau est complété par celui des marchands ambulants ou occasionnels : les merciers, qui vendent parfois quelques livres, les libraires « étalants » dépourvus de boutique et les colporteurs. L’activité de ces derniers est sévèrement réglementéepar le pouvoir royal qui redoute que ces marchands insaisissables ne diffusent des livres interdits. Théoriquement, les colporteurs ne sont autorisés qu’à vendre des ouvrages de petit format (moins de 8 feuilles), des almanachs et des pièces officielles. Mais en pratique, ce commerce anarchique est difficilement contrôlé par l’administration royale. Directeur de la Librairie en 1759, Malesherbesconstate que le colportages ne se limite plus qu’aux villes comme aux siècles précédents.

B. Malgré les réseau de distribution extrêmement étendu, le livre reste un objet rare dans les foyers populaires. Les inventaires après les décès réalisés par les notaires permettent d’en évaluer la présence, malgré les incertitudes liées à ce type de sources. L’inventaire des biens d’un défunt n’esteffectué que lorsque celui-ci possède un patrimoine à transmettre à leurs héritiers. Les plus démunis n’ont souvent rien, ou très peu, à transmettre à leur héritiers. Pour bien évaluer le rôle du livre dans la culture du plus grand nombre, il faut aussi tenir compte des usages collectifs. En de nombreuses occasions, les illettrés peuvent se faire lire des textes imprimés. Dans les villes, des textesofficiels ou des pamphlets politiques sont imprimés sous forme de « placards » affichés sur les murs, lus et commentés par les badauds attroupés. Dans les foyers ruraux, il arrive que des veillées s’organisent autour de la lecture d’un livre à voix haute.

L’évolution de l’imprimeur et de ses droits.

A. Avant la Révolution, les libraires devaient tous demeurer dans les quartiers del’Université et ils ne pouvaient occuper qu’un seul magasin, fermé le dimanche. Ils ne pouvaient éditer qu’après en avoir obtenu la permission du lieutenant général de police, l’approbation des censeurs et les lettres du grand sceau. Les libraires étaient forcés, sous peine d’amende, que partageait l’imprimeur, de mettre sur les ouvrages qu’ils éditaient leur nom et leur demeure. Cinq exemplaires devaientêtre déposés par eux, deux à la bibliothèque du roi, un au cabinet du Louvre, un au garde des sceaux et un au censeur qui lisait l’ouvrage. Les libraires seuls avaient la faculté de décrire les livres et de faire les ventes de bibliothèques, mais sans publicité par voie d’affiche. Une librairie ne pouvait être transmise sans la permission du lieutenant de police. La Révolution établit la libertéentière pour l’exercice de la profession de libraire. Ceux-ci ne furent plus soumis qu’à la condition d’avoir une patente. La Convention, par décret du 19 juillet 1793, maintint les droits des auteurs, mais n’apporta aucune restriction à l’exercice du commerce de la librairie. Le 18 ventôse an II, elle décréta la prohibition de la sortie des livres précieux et des manuscrits que les étrangers…