Michel Peyret
10 septembre2010
DE LENINE A STALINE
OU ENTRE CONTINUITES ET DISCONTINUITES
Certainement, nombre de communistes sont comme moi, et certainement plus largement nombre d’autres personnes, préoccupés de voir clair dans le déroulement historique du 20ème siècle, dans les rôles respectifs des « grands » personnages de l’épopée, souvent tragique, de ce qui est appelé lecommunisme et ne correspond pas nécessairement à ce qui était annoncé sous ce nom.
J’ai déjà mis en évidence dans plusieurs textes que chercheurs, philosophes, sociologues, historiens, responsables politiques…sont de plus en plus nombreux à considérer qu’il y a eu une usurpation, voire une immense tromperie ou escroquerie intellectuelle, concernant ce qui a été mis en oeuvre dans les pays dits« communistes » ou « socialistes ».
LE SOCIALISME, C’EST BOURGEOIS
Le souci de comprendre m’a amené tout d’abord à remonter aux sources, lesquelles d’ailleurs ne peuvent se limiter à Marx, lui-même considérant que son travail avait trois origines, l’économie politique anglaise, la philosophie allemande et le socialisme/communisme français, même si chacun s’accorde pour considérer le rôleconsidérable qui a été le sien dans la fondation de ce qui est appelé par lui le communisme, le terme de socialisme étant récusé par Marx et Engels quand il s’est agi de « baptiser » Le Manifeste: « Le socialisme, c’est bourgeois », écrit Engels dans la préface de 1888, rendant compte de leurs considérations communes.
J’ai, trop longtemps certainement, considéré que les rôles respectifs de cespersonnages pouvaient s’inscrire dans une continuité homogène, sans ruptures ni contradictions dans leurs apports personnels à la théorie, comme à la politique plus simplement.
LA PANACEE DU MATERIALISME HISTORIQUE
Il est vrai que l’ensemble des théorisations était alors englobé, sinon englué, sous l’appellation générale de « matérialisme historique » lequel, j’en suis bien conscient maintenant,avait l’avantage, ou plutôt le désavantage selon le point de vue que l’on adopte, de gommer les contradictions, ou même plus simplement les différences d’approche entre les différents théoriciens se réclamant de ce matérialisme.
Ainsi, récemment, Anicet Le Pors, dans un article de l’Humanité intitulé: « Les options, que l’on dira socialistes, d’une société de type nouveau », écrit-il que, « dansune crise qui est bien une crise de système, il est plus que jamais nécessaire de dire quelles seraient les transformations quantitatives et qualitatives qu’il faudrait réaliser pour contester le capitalisme, à la fois nocif et incapable de répondre aux besoins humains de notre époque.
Et il poursuit: « Il ne s’agit pas de revenir sommairement au séquençage que proposait le matérialisme historique– communisme primitif – féodalisme – capitalisme – socialisme – communisme, mais de s’inscrire néanmoins dans une perspective historique prolongeant la trajectoire antérieure – Entreprise difficile sans doute dans le désenchantement ambiant mais qui reste de la responsabilité des femmes et hommes de notre temps. »
HYPOTHESE SOCIALISTE ET/OU HYPOTHESE COMMUNISTE?
Contrairement à d’autres età moi-même, Anicet Le Pors écrit encore: « A cet effet, la stratégie de la récusation n’est pas la bonne solution: le contraire d’une erreur n’est pas nécessairement une vérité. L’hypothèse socialiste reste sur le chantier et il convient de lui donner un contenu tenant compte des échecs, mais aussi des enseignements du 20ème siècle « prométhéen », en souvenir de ce titan de la mythologie grecquequi avait voulu donner le feu du ciel aux hommes… »
Un peu plus loin, il confirme: « Elle ne justifie pas un rejet puéril et elle appelle au contraire, à la lumière de l’expérience, une refondation sérieuse. »
Ainsi, tout un temps, mon esprit n’avait pas pris en compte la conscience de la diversité des conceptions, voire de leurs oppositions en de nombreux domaines. Ainsi pouvait aussi se…