Jean- Baptiste Lamarck
Article « BOTANIQUE »
ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE
Volume I, p 439-449
1783
Réalisation :
Pôle HSTL du CRHST, 2001
Unité Mixte de Recherche CNRS / Cité des sciences et de l’industrie, Paris
http://www.crhst.cnrs.fr
Ouvrage numérisé à partir de l’exemplaire conservé
dans le fonds ancien de la médiathèque d’histoire des sciences
de la Cité des Sciences et de l’Industrie,Paris
Numérisation : Elena Pasquinelli, Mélissa Fort
sous la direction de Pietro Corsi
pour http://www.lamarck.net
Réalisé dans le cadre du portail Internet Hist-Sciences-Tech :
© CRHST/CNRS, 2003
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[Article précèdent non reproduit]
BOTANIQUE, (BOTANICA res Herbaria) ; c’est le
nom que l’on donne à cette riche & belle partie de
l’Histoire naturelle, qui a pour objet laconnoissance du
Règne végétal en entier. Ainsi la Botanique est la Science
qui traite de tous les végétaux considérés seulement
comme êtres naturels, & qui s’occupe non-seulement de
connoître tout le parti que nous pouvons tirer de ces
êtres pour notre utilité ou notre agrément, mais de tout ce
qui tend directement à les faire connoître eux-mêmes le
plus complètement possible ; ce qui ladistingue, comme
nous le verrons plus bas, de plusieurs genres de Sciences
& Arts, qui ont des rapports immédiats avec l’objet qui la
concerne.
Outre les charmes multipliés qu’on lui trouve
lorsqu’on la cultive, cette Science intéressante a le
précieux avantage d’assurer à jamais à l’homme toutes les
découvertes relatives aux propriétés des Plantes & à leurs
divers genres d’utilité ; c’est-à-direde perpétuer le moyen
de mettre à profit ces découvertes, en établissant les vrais
caractères distinctifs des plantes connues, de manière
qu’à l’avenir l’on ne soit jamais dans le cas de les prendre
les unes pour les autres.
De l’utilité de la Botanique, & des agrémens que
procure l’étude de cette Science.
L’objet de la Botanique étant la connoissance intime
des végétaux, cette Scienceimportante tend
continuellement à dissiper la confusion que le nombre
prodigieux de plantes qu’on peut observer à la surface du
globe ou au sein des eaux, occasioneroit nécessairement
sans son secours ; & comme parmi les productions de la
nature dont l’homme est parvenu à retirer de l’utilité, ce
sont
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les végétaux qui en offrent les objets les plus importans & lesplus nombreux, puisqu’ils fournissent aux besoins les plus
essentiels de la vie ; que la Médecine, dans le traitement des
maladies, en obtient ses principales ressources ; & que les
Arts les plus utiles à la société sont tellement enrichis de
leurs tributs, qu’ils ne seroient presque rien sans eux ; quel
seroit l’inconvénient, si la confusion qui régnoit autrefois
dans la détermination dechaque Plante utile, avoit continué
de subsister ? C’est cependant ce qui auroit lieu sans cesse
sans le secours de la Botanique.
Les belles découvertes des Anciens sur les vertus des
Plantes, sont la plupart absolument perdues pour nous,
parce que l’utilité de l’étude de la Botanique n’ayant pas
encore été sentie, mais seulement celle de la recherche des
remèdes que l’on avoit besoin detrouver, on ne s’attachoit
point à connoître l’organisation des plantes, ni les caractères
essentiels qui les distinguent les unes des autres. Aussi,
comme nous l’avons dit dans le Discours préliminaire de cet
Ouvrage, la Botanique n’étoit rien alors, & de-là résulte que
nous sommes privés de quantité de connoissances
importantes que l’antiquité pouvoit nous transmettre, si la
Botanique, dans cetstems reculés, eût eu plus d’existence.
Maintenant, si la grande utilité de la Botanique est
suffisamment reconnue, on ne sauroit trop faire remarquer
tous les agrémens que procure l’étude de cette Science
intéressante. Cette charmante étude nous habitue au doux
plaisir d’observer la Nature, nous dévoile mille merveilles qui
n’existent pas pour ceux qui la négligent, & nous occasionne
des…