INTRODUCTION
Dans Le Livre de ma mère, roman autobiographique écrit par Albert Cohen en 1954, l’auteur met en avant son enfance vue comme une époque essentielle de son existence auprès d’une figure extrement importante a ses yeux, sa mere, qui parcourt l’ ensemble de son œuvre. Ce livre est donc avant tout une ode émouvante et un hommage à sa mère, à laquelle il vouait un amourinconditionnel.
Dans l’ extrait que nous allons etudier est situé au milieu de l’ouvrage. est le lieu d’un bilan de toutes les petites joies de l’enfance, à jamais perdue. Cohen il dresse la liste de tout ce que l’auteur associe à son enfance, qu’il regrette.
Nous verrons dans une premiere partie de quelle facon cette autobiographie nous offre des caracteristique lyriques etelegiaques. Dans un deuxieme temps, nous mettrons en avant l’ originalite de ce texte par sa structure et sa composition.
I) UNE AUTOBIOGRAPHIE LYRIQUE ET ELEGIAQUE
a. Une autobiographie
D’ emblee nous pouvons supposer que ce texte est une autobiographiqe grace a l’ utilisation du pronom personnel ‘je’ qui domine le texte. Nous n’ avons pas a faire ici a un passage narratifde l’ autobiographie mais plutôt description puisque l’auteur emploie l’ imparfait iteratif qui sert a indiquer l’ habitude et la repetition. C’est le cas ici car l’enfance est évoquée par des gestes ritualises a travers les nombreuses référence a ses habitudes, culture traditionelle, noms, lieux qui enrichissent le texte . Albert Cohen compose en fait un témoignage de son enfance.
Nous pouvonsobserver deux longues sequences (les deux premieres phrases) qui sont introduites par l’ interjection ‘Ô’ en anaphore. Celle-ci scande le texte et a une valeur vocative car elle sert a invoquer l’ enfance, le passe. Ce texte prend donc la forme d’ une invocation a l’ enfance. Le narrateur fait appel à toutes les sensations pour faire resurgir ces souvenirs de sa jeunesse, on sent qu’ il y a unevolonte de restituer toutes les impressions : tous les sens sont mobilisés. La vue : « vertueuses chromos », l’ouïe : « papillon du gaz », le goût : « gelées de coings », « sirop d’orgeat », le toucher « petites mains sales, genoux écorchés ». Cohen utilise aussi de vocabulaire appreciatif avec une minimisation des objets ce qui leur donne un caractere sacré et intime (Répétition de l’adjectif «petit » : « petite enfance », « petits chats », « petits baisers », « petit voyage », « petites mains », « petites paix », « petits bonheurs » : et le diminutif « chambrette ».) De la meme facon, l’ emploi du déterminant possessif montre la relation etroite d’ intimite (Déterminant possessif de la première personne : « mon », « ma » ainsi que le pronom personnel de la première personne : « me »).Cette première partie est donc saturée par une certaine impression de sécurité totale comme le traduise les adjectifs : « chaud, rassurantes, calme,’’
Ce qu’ il faut surtout comprendre, c’est que l’ auteur veut faire la part-belle de ses sentiments personnels a travers cette description de l’ enfance scandee par l’ interjection ‘ o’ . C’ est donc un passage tres lyrique car il revet unedimension personnelle, du sensible.
b. Une autobiographie élégiaque
Bien que Albert Cohen nous fait voyager dans son passe, c’est-à-dire cet univers intime et rassurant d’odeurs quotidiennes, de goûts familiers, il nous fait revenir dans le présent actualisé a la fin du texte. En effet, les deux longues enumerations qui evoquent l’ enfance sont suivies de deux phrases très succinctesqui marquent une fin abruptes: « les rives s’éloignent. Ma mort approche ». Ces deux phrases sont les plus courtes de l’ extrait et sonnent le glas de l’ enfance. ‘Maman’ n’ est plus la. L’ auteur n’ avait fait qu’evoquer les fragments d’ un passé révolu qui fait reference au paradis perdu de l’ enfance. Nous pouvons nous referer a Marcel Proust qui avait dit ‘‘ Il n’est de paradis que de…