Albert cohen, le livre de ma mère

Compte-rendu de lecture cursive
Albert Cohen, Le Livre de ma mère

Le livre de ma mère est un roman autobiographique d’Albert Cohen, qui lors de sa parution en 1954 est salué par la critique : l’originalité et l’émotion extraordinaires de ce témoignage filial ainsi que la modernité du ton sontsoulignées. La mère de l’auteur, Louise Judith Coen meurt le 10 janvier 1943 à Marseille, loin de son fils exilé à Londres depuis 1940. Cardiaque depuis des années, elle s’éteint à l’âge de 67 ans, choquée par l’entrée des Allemands à Marseille (la zone libre est envahie en novembre 1942). Quelques mois plus tard, en juin 1943, Albert Cohen publie dans La France libre (périodique publié à Londres par desFrançais luttant contre l’Allemagne nazie) la première partie d’un texte intitulé Chant de mort, où se lit, avec le désespoir d’avoir perdu une mère incomparable et de n’avoir pas pu la revoir avant sa mort, celui de ne pas avoir pu la faire sortir de France pendant la guerre. Ce texte est une réaction à une douleur, à une culpabilité insupportables. Il sera suivi de trois autres parties dans lemême périodique, l’ensemble constituant la première ébauche composée dans l’urgence de la douleur, de ce qui deviendra, en 1954, Le livre de ma mère. On peut alors s’interroger sur les caractéristiques de ce roman. Pour cela, nous verrons en premier lieu une rapide biographie l’auteur, puis, la présentation du contenu du roman, et enfin, la nature et les caractéristiques de l’ouvrage suivi d’uneanalyse des thèmes abordés.

Albert Cohen, né à Corfou le 16 août 1895, mort à Genève le 17 octobre 1981, est un poète, écrivain et dramaturge suisse romancier d’expression française dont l’oeuvre est fortement influencée par ses racines juives. Né sur l’île grecque de Corfou, Albert Cohen appartient à l’importante communauté juive de l’île. Issu d’une famille de fabricants de savon,les parents d’Albert décident d’émigrer à Marseille quand la fabrique périclite et que l’antisémitisme ne fait que grandir sur l’île. Ils y fondent un commerce d’œufs et d’huile d’olive. Il évoquera cette période dans Le livre de ma mère. Albert Cohen commence son éducation dans un établissement privé catholique. C’est le 16 aout 1905 qu’il se fait traiter de «sale youpin» dans la rue, événementqu’il racontera dans Ô vous, frères humains. En 1904, il entre au lycée Thiers, et en 1909, il se lie d’amitié avec un autre élève, Marcel Pagnol. En 1913 il obtient son baccalauréat avec mention. En 1914, Albert Cohen quitte Marseille pour Genève. Il s’inscrit à la faculté de droit de la ville en octobre. Dès lors, il s’engage en faveur du sionisme. Pour judaïser son nom, il va y faire ajouter un«h» ; il deviendra Albert Cohen. Il obtient sa licence en 1917 et s’inscrit à la faculté des lettres où il restera jusqu’en 1919. En 1919, il obtient la nationalité suisse (il était ottoman), il épouse cette même année, Élisabeth Brocher. En 1921, sa femme donne naissance à Myriam, leur fille. En 1924 sa femme meurt d’un cancer. En 1925, Albert prend la direction de la Revue juive, qui compte à soncomité de rédaction Albert Einstein et Sigmund Freud. De 1926 à 1931, il occupe un poste de fonctionnaire attaché à la Division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Il trouvera dans cette expérience son inspiration de l’univers d’Adrien Deume pour Belle du Seigneur. En 1931 il se marie en secondes noces avec Marianne Goss. Au moment de l’invasion allemande en mai 1940,Albert fuit à Bordeaux puis à Londres. Il est alors chargé par l’Agence juive pour la Palestine d’établir des contacts avec les gouvernements en exil. Le 10 janvier 1943, la mère de Cohen décède à Marseille. Cette même année il rencontre sa future troisième épouse, Bella Berkowich. En 1944, il devient conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour les réfugiés qui a participé notamment à…