Délocalisation de Renault !
alors que la surenchère politique sur le transfert partiel de la production de la Clio vers la Turquie semble ne plus avoir de limites, la Commission européenne a décidé de calmer le jeu en rappelant les pouvoirs publics français à leurs devoirs. Depuis une semaine, Nicolas Sarkozy et plusieurs membres du gouvernement tentent de faire pression sur Renault pour qu’ilrenonce à son projet de délocaliser la production de la Clio de Flins (Yvelines) vers Bursa, en Turquie. Leur argument consiste à expliquer que l’aide publique accordée en février 2009, au plus fort de la crise, avait une contrepartie : ne pas fermer d’usine et ne pas licencier. Le problème est que lorsque Bruxelles avait donné son feu vert à ce plan de soutien au secteur automobile, la Frances’était engagée à ce qu’il ne contienne « aucune condition relevant de la localisation des activités des constructeurs ou de leur approvisionnement en priorité auprès de fournisseurs installés en France ». Or c’est exactement ce que réclame aujourd’hui le gouvernement français à Renault. Du coup, jeudi 14 janvier, la commissaire à la concurrence, Neelie Kroes, a « demandé à (ses) services de contacterles autorités françaises aussi vite que possible pour demander des explications ». Cela n’a pas découragé Christian Estrosi, le ministre de l’industrie, qui évoque maintenant une montée de l’Etat au capital de Renault (il en détient aujourd’hui 15 %) pour mieux imposer les vues du président de la République.
Qu’est-ce qui se passe ?
Renault penserait à produire la quatrième génération de sonmodèle Clio sur son site de Bursa (nord-ouest de la Turquie). La Clio 4 ne verrait donc plus le jour dans l’usine française de Flins (Yvelines).
Choc des syndicats et de la majorité
A la lumière de cette nouvelle information, les syndicats n’ont pas caché leur mécontentement. La CGT a dénoncé la « mise en concurrence entre les pays, les sites et les salariés ». « Les constructeurs, dont Renault,ont bénéficié de fonds publics importants directs et indirects » et « la prime à la casse a largement contribué à assurer leur volume de production » et ce « sans effet positif sur l’emploi en France », s’est indigné le syndicat. L’UMP, via son porte-parole, Frédéric Lefebvre, a qualifié cette probable délocalisation de la production de la Clio 4 d' »absolument pas acceptable », « d’autant que l’Etat aété au rendez-vous (…) pour sauver Renault ». L’Etat aujourd’hui actionnaire à hauteur de 15,01%, avait accordé 6 milliards d’euros de prêts participatifs à Renault pour le soutenir après la crise. Le gouvernement avait alors exigé qu’en échange soit assurée la pérennité des sites d’assemblage automobile sur le territoire français. « Je demande clairement que l’Etat convoque Renault pour empêcher quedes décisions terribles pour Flins puissent être adoptées », a déclaré la voix de la majorité. Vœu exaucé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui rencontrera demain le directeur général de Renault Patrick Pelata.
Patriotisme ou capitalisme ?
Le groupe automobile tricolore tente cependant de calmer les tensions en assurant n’avoir pris encore aucune décision en la matière. Leschiffres sont pourtant éloquents, la production du modèle actuel de Clio 3 se fait déjà en grande partie en Turquie (86.644 voitures produites à Bursa au 1er semestre 2009 contre 64.686 à Flins). La dernière Twingo a déjà vu en 2007 sa production quitter Flins pour la Slovénie. La Turquie présente, elle aussi, des avantages financiers considérables pour le constructeur encore fragile économiquement.Y’a de l’électricité dans l’air
Que la délocalisation soit complète ou partielle, le PDG de Renault Carlos Ghosn affirme que « le futur de Flins est assuré ». Le constructeur prévoit que sa nouvelle citadine électrique Zoé ZE (Zéro Emission) ainsi que des batteries électriques soient réalisées à Flins. Un gros projet selon la direction qui spécule que d’ici 10 ans les véhicules électriques…