Battlestar Galactica (Final) – Au commencement était l’humanité
Il est préférable d’avoir vu les quatre saisons en entier de la série pour lire cette note
La morale de l’histoire devait lui revenir, comme un ultime pied de nez, une manière de rappeler que Battlestar Galactica n’est finalement qu’une fiction, un spectacle fait pour divertir, et parfois se poser des questions sur la réalité,mais que cette série n’était pas destinée à fournir des réponses ou à asséner des vérités. Offrir au personnage de Gaïus Baltar le mot de la fin, après quatre saisons et 84 heures de télévision, revient à faire preuve d’un certain sens de l’ironie. Le personnage le plus égoïste, celui qui n’a jamais assumé les conséquences de ses actes, celui qui fut le plus vain dans ses aspirations et sescomportements, est celui qui se voit confier la tâche de juger l’avenir de l’humanité. Dans cette ultime scène, James Callis est une nouvelle fois parfait: chemise de petit mac, lunettes noires de crâneur, accent anglais surfait et ton moqueur dont il ne parvient jamais à se débarrasser. Dialogue sur Time Square, lieu symbole de la modernité:
Numéro Six: “Société de consommation, décadence, folietechnologique. Cela te rappelle quelque chose?”
Baltar: “Il y a l’embarras du choix. Kobol. La Terre. La véritable Terre avant celle-ci.”
Numéro Six: “Tout cela s’est déjà produit.”
Baltar: “Mais la question continue de se poser. Tout cela doit-il se produire à nouveau ?”
Numéro Six: “Cette fois, je dirais que non. (…) Si un système complexe se repète pendant suffisamment longtemps, quelque chose denouveau peut finalement se produire.”
Baltar: “Suis-je bête. Suis-je bête à ce point.”
Zoom sur des petits robots, sortes d’ancêtres des Cylons, qui dansent joyeusement dans la vitrine d’un magasin. Et monte la voix de Jimi Hendrix interprétant “All Along The Watchtower“, chanson que Bob Dylan écrivit en s’inspirant du Livre d’Isaïe après son accident en 1967. La boucle est bouclée, nous sommesrevenus au point de départ. Et tout peut recommencer: “All of this happened before, and all will happen again.”
La série créée par Ronald D. Moore commença à être diffusée en Grande-Bretagne en octobre 2004 et aux Etats-Unis en janvier 2005. Au bout de quatre années, on doit reconnaître qu’elle a pris une place unique dans les productions de science-fiction, parce qu’elle n’est pas uniquement unprogramme basé sur des effets spéciaux et qu’elle a eu la prétention, diront ses détracteurs, l’ambition, diront ses partisans, de vouloir poser des questions de portée générale et d’offrir autre chose qu’un simple spectacle d’entertainment. Sans doute, des faiblesses seront faciles à relever parmi les 73 épisodes de l’histoire, mais on pourra les mettre en regard de moments absolument sublimes.Passer en revue une oeuvre d’une telle ampleur serait voué à oublier bien des choses. Tous vos souvenirs de BSG seront les bienvenus dans les commentaires. Si je ne devais retenir que deux aspects de ces quatre années, aspects qui se trouvent magistralement illustrés dans l’épisode final, ce serait un sens aigu de la contradiction et un propos souvent très moral.
Lee Adama – humain, trop humainCe dernier épisode offre une vision idyllique de la Terre lorsque les Colonials la découvrent. Paysages verdoyants, océans d’azur, étendues vierges et immédiatement hospitalières, des flamands roses pour rehausser la couleur du tableau que l’on sent malgré tout fragile. On est dans le paradis perdu, un endroit qui porte un seul message: “protégez-moi ou je risque de disparaître. Le ravissementque j’offre à vos yeux, l’abri que j’accorde à votre errance ne pourra pas être éternel sans un minimum d’attention”. Cela trahit un sérieux contraste avec les décennies passées dans l’infinie noirceur de l’univers.
Sur cette Terre, vivent des hommes préhistoriques et pendant quelques secondes on a l’espoir que l’Enfer ne va pas être pavé de bonnes intentions. Mais, cela est sans compter sur Lee…