&Né en 1922 à Sainte-Menehould (Marne), Michel Crozier mène des études de droit et obtient une habilitation à diriger des recherches en sociologie en 1963, puis devient directeur de recherches auC.N.R.S., professeur de sociologie à Nanterre, et professeur à l’Institut d’études politiques de Paris en 1975. Il a également enseigné à Harvard. Il s’est surtout intéressé au monde des employés et desfonctionnaires et a contribué à la diffusion d’une vision sociologique de la bureaucratie.
1. Une sociologie de la bureaucratie
Alors que ses premiers travaux sont encore principalement consacrés àl’histoire du mouvement ouvrier et à l’action des syndicats, Crozier s’est intéressé à partir de son entrée au C.N.R.S., en 1952, au rôle des employés et des petits fonctionnaires dans la structuresociale française. Il aborde cet univers sous les angles des phénomènes de la conscience de classe et de la participation sociale. Il élabore ainsi une analyse sociologique de l’administration où ilpropose un compromis entre une vision rationaliste des capacités de choix des agents, découlant des conceptions wébériennes, et un certain humanisme fondé sur l’affirmation de l’irréductibilité desmêmes agents aux impératifs des a0ppareils bureaucratiques. Le modèle qu’il met au point implique l’existence, au sein des organisations, de « zones d’incertitudes », que cherchent à maîtriser les acteurs,en vue de consolider leurs positions stratégiques.
Son interprétation comporte une conception de la bureaucratie en tant qu’entité résistante […]
2. L’acteur et le système
Écrit avec ErhardFriedberg en 1977, L’Acteur et le système se présente comme un manuel de sociologie de l’action organisée. Basé sur l’analyse stratégique, il se place sur le plan des relations de pouvoir entre acteurs etdes règles implicites qui gouvernent leurs interactions. Les contraintes liées au pouvoir cohabitent avec une part de liberté qu’il s’agit d’obtenir, de défendre et d’élargir en recourant à la…