CORPUS DE TEXTES :
Texte 1 : Victor Hugo, « Ce siècle avait deux ans », Les Feuilles d’automne 1831
Texte 2 : Edouard Corbière, Le Négrier, Aventure de la mer 1832
Texte 3 : George Sand, Histoire de ma vie, 1854
Texte 4 : Boulgakov, Le Roman de Monsieur de Molière, 1972
Texte 5 : Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance, 1975
Question (4 points) :
Après avoir montré ce qui a permisde réunir ces textes dans un même corpus, vous réfléchirez au(x) genre(s) particuliers au(x)quel(s) ils se rattachent . Vous justifierez vos analyses.
Travaux d’écriture (16 points)
Vous traiterez un de ces trois sujets au choix :
1. Commentaire composé :
Vous ferez le commentaire composé du texte de Victor Hugo, « Ce siècle avait deux ans ».
2. Dissertation :
Raconter tout événementd’une vie (la sienne ou celle d’un autre), est-ce constater des faits objectifs ou ordonner, donner un sens, voire inventer ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes proposés ici, sur les textes étudiés en classe et sur vos lectures personnelles.
3. Ecriture d’invention :
Vous rédigez deux versions d’un récit de votre naissance : l’une sera extraite d’une biographie etl’autre d’une autobiographie.
– Vous ferez figurer au début de chaque extrait le genre auquel il appartient.
– Vous donnerez un titre à chaque texte.
– Vous adoptez le ou les registres de votre choix.
– Pour conserver l’anonymat, ne faites pas figurer votre nom.
Texte 1 : Victor Hugo (1802-1885)
« Ce siècle avait deux ans », Les Feuilles d’automne, 1831
Ce siècle avait deux ans
Ce siècleavait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu’il fut, ainsiqu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi.
Je vous dirai peut-être quelque jour
Quel lait pur, que de soins, que de vœux , que d’amour,
Prodigués pour ma vie en naissantcondamnée,
M’ont fait deux fois l’enfant de ma mère obstinée,
Ange qui sur trois fils attachés à ses pas
Épandait son amour et ne mesurait pas !
Ô l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie !
Pain merveilleux qu’un dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer !
Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier !
Notes :
(1) le coup d’Etat de Napoléon Bonaparte).(2) v.3 : « premier consul » : Napoléon Bonaparte
(3) v.10 : « débile » : faible, frêle, chétif, de constitution fragile.
(4) v.12 : « bière » : cercueil.
Texte 2 : Edouard Corbière, Le Négrier, Aventure de la mer, 1832
Dans la préface de son roman, l’auteur raconte sa rencontre avec un jeune marin qui s’est livré au trafic des esclaves noirs après avoir combattu vaillamment contre lamarine anglaise durant les guerres napoléoniennes. Ce dernier, désespéré par ses crimes, sur son lit de mort, confie à l’auteur « quelques paperasses […] ».
« C’est le journal de ma vie de forban […]. Tu arrangeras un peu tout ce barbouillage, en ayant soin de cacher mon nom, par égard pour ma pauvre mère. »
« C’est cet écrit aussi bizarre que les événements qui l’ont produit,que je me suis appliqué à mettre un peu en ordre. »
Le départ
Les circonstances de ma naissance semblèrent tracer ma vocation. J’ai reçu le jour en pleine mer, dans une traversée que mon père, vieil officier d’artillerie de marine, avait fait entreprendre, pour l’amener en France, à une jolie créole devenue sa femme pendant le séjour de sa frégate aux Gonaïves.
Un frère vint…