Bwiti et initiation

L’INITIATION AU BWITI
Un texte sur l’initiation au bwiti écrit par un gabonais initié au bwiti fang et diplomé en science humaine…

Initiation au Bwiti, une démarche philosophique ?

De par l’initiation, le Bwiti en tant que rite se définit comme une science qui s’acquiert au truchement par la manducation de l’iboga ou Bois sacré. Le Bwiti est une école de la connaissance de la nature etson objet est de permettre à l’homme de se connaître soi-même pour maintenir son équilibre physique et spirituel. Mais que voit l’initié qui trouve la guérison ?

Aucun initié ne peut nous communiquer la signification objective de ce personnage sacré (Bwiti) sans que nous n’en soyons nous-mêmes des initiés et dans le cas où nous serions effectivement des initiés, nous tomberions, nous-mêmes, sousle coup de la loi du silence.

La compréhension de ce qu’est le Bwiti a quelque chose de comparable à la dialectique platonicienne : le Bwiti est un art (technè) ou une science (épistèmê) qui donne à l’individu qui s’initie les moyens de connaître les choses invisibles pour tendre vers sa propre finalité. Il est, en vérité, la science de la découverte de ce qui est caché ; c’est une étude dulangage symbolique de la nature parlante, ayant pour objet de faire prendre conscience à l’homme de la vérité de son être. C’est pour cette raison que ceux qui se soignent dans le Bwiti, après leur initiation, parlent non seulement des éléments relatifs à leur guérison physique, mais disent aussi quelque chose qui désormais, détermine leur conduite quotidienne.
Ainsi, pour le bwitiste, celui quivient s’initier souffre premièrement de l’ignorance de ce qu’il est : il vient s’initier afin de déchirer le voile de l’ignorance ainsi sortira-t-il de sa caverne. Celui qui souffre ne vient donc pas seulement demander la guérison physique, il cherche d’abord à voir et à savoir les causes profondes de sa maladie. Dans le Bwiti, l’homme s’engage dans une quête, celle du vrai et du bien ou du mal,selon son orientation. Le malade, dans sa démarche de guérison et de la santé, reçoit, tout au long de son séjour thérapeutique chez le Nganga Bwiti, non seulement des médicaments, mais aussi un enseignement.

Il y a un postulat. La vie ne s’arrête pas parce qu’il fait nuit ; le jour et la nuit sont deux dimensions d’une même réalité : la vie. Il y a des gens qui peuvent décider de ne vivre que dejour tandis que d’autres feront le choix de ne vivre que la nuit. Il en est de même de la représentation que nous avons du maintenant, c’est-à-dire de la vie présente et de celle de l’Au-delà. La question c’est de savoir si l’on peut accéder à toutes les dimensions de la réalité. Pour amorcer une réponse, il importe de retenir qu’à partir du moment où on est confronté à une difficulté quasimentinsoluble dans une dimension particulière, il est un impératif catégorique que de chercher à vérifier son fonctionnement dans “l’autre dimension”.
Mais si soi-même, on n’a pas accès à la dimension cachée, il est nécessaire de chercher quelqu’un qui puisse vérifier le fonctionnement interne du système. Or, dans le cas d’une maladie qui apparemment ne s’explique pas à partir d’un dispositifscientifique rationnel, il est nécessaire de se tourner vers les maîtres du secret. Ceux-là ont, à leur disposition, le dispositif technique (le “plateau technique”) pouvant nous permettre de saisir le sens de telles souffrances qui nous accablent et peut-être de donner une réponse adéquate.

La démarche du malade est donc celle de quelqu’un qui se rend vers une tierce personne pour lui demander desexplications sur les faits auxquels il est confronté. Mais il est encore mieux de chercher soi-même à obtenir toutes les explications permettant de comprendre le fonctionnement, les enjeux et les finalités d’une situation limite.

Dès lors, avouons qu’un malade atteint d’un cancer serait plus curieux de savoir s’il pouvait lui-même avoir des explications sur l’origine de sa maladie et, surtout,…