Camus (1913-1960) L’Etranger (1942)
Questions d’observation :
1. Dégagez les métaphores et les métonymies qui dans le texte évoquent le “couteau”
2. Quels éléments du texte annoncent la phrase : “J’ai secoué la sueur et le soleil” ?
3. Analysez la signification des trois formes verbales dans “Alors, j’ai tiré… y parût” (lignes 20-22)
[ Autres questions possibles :
Etudiez le rythmedes phrases / Montrez la forte présence des sensations dans cet extrait./ Relevez et étudiez le champ lexical de la lumière ]
1. Les métaphores et métonymies liées à la représentation du couteau dans le texte sont les suivantes : “c’était comme une longue lame étincelante qui m’atteignait au front” , “la lumière a giclé sur l’acier”( métonymie) , “glaive éclatant jailli du couteau”, “cetteépée brûlante” : le couteau est comparé à une épée , un glaive, une longue lame : d’autres armes blanches, mais plus longues, plus anciennes. Le jeu des ombres et des reflets produit en Meursault cette impression d’extension du couteau.
2. La sueur est évoquée à plusieurs reprises : « j’ai senti des gouttes de sueur s’amasser sur mes sourcils »(l.4-5) “La sueur amassée dans les sourcils a coulé d’uncoup sur les paupières”(l.11-12), “voile tiède et épais”, “yeux aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel” : elle descend progressivement sur les yeux de Meursault jusqu’à voiler sa vue.
Le soleil de même est évoqué à plusieurs reprises, à travers des images, comme s’il se matérialisait pour atteindre physiquement le visage de Meursault -“cymbales du soleil sur mon front”, “le ciels’ouvrait… pour laisser pleuvoir du feu”.
De là sa volonté de se libérer de la sueur et du soleil qui ont « envahi » son visage : « J’ai secoué la sueur et le soleil ».
3. “ai tiré” est au passé composé, qui sert à exprimer un événement antérieur, à l’aspect accompli. “s’enfonçaient” est à l’imparfait, temps normalement utilisé pour les événements à durée inaccomplie, temps inadaptéi à l’enfoncementdes balles : le temps semble s’étirer (cf les ralentis au cinéma pour marquer la violence de certaines actions sur le psychisme du héros). “ parût” est à l’ imparfait du subjonctif, appelé par la concordance des temps. Le subjonctif n’est pas le mode de la réalité comme l’indicatif mais de la subjectivité : il n’a pas l’impression de voir les balles s’enfoncer.
Questions d’interprétation.1°Etudiez l’omniprésence du soleil.
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Nous pouvons considérer que le soleil est le troisième personnage de l’extrait : il le domine de toute sa présence comme en témoigne l’emploi trois fois répété du mot. Il instaure un climat de souffrance insupportable pour le personnage. L’évocation du soleil suit une gradation dans l’expression de l’intensité de son action. Les formules “un souffle épais etardent” (l.16) et “pleuvoir du feu” (l. 17) renforcent cette présence du soleil jusqu’à l’assimiler à un brasier. Outre la chaleur, le soleil est aussi source d’ une lumière dont l’intensité est elle aussi cruelle pour le personnage, est comme le suggèrent les deux adjectifs “étincelante” et “éclatant”.
La souffrance est signifiée à travers des termes comme “douloureux”, “m’atteignait”. L’action dusoleil sur Meursault est une agression : les images dans l’extrait associent l’éclat de la lumière à une “lame”, un “glaive” ou une “épée”. Ce caractère agressif de la lumière est renforcé par des verbes exprimant une action instantanée comme “giclé”, “jailli”.
Ainsi, face à cette présence insupportable du soleil, Meursault n’a qu’un désir : se débarrasser de cette souffrance en avançant vers sasource. C’est de ce besoin irrépressible et du geste instinctif qui en découle que va naître la tragédie.
2) Montrez comment le meurtre de l’Arabe constitue un engrenage tragique.
L’agression du soleil sur Meursault est à le point de départ de l’engrenage tragique. Le geste d’avancer vers l’Arabe, plus imposé par les forces extérieures que par sa volonté propre, maîtrisée, enclenche un…