Commentaire littéraire : « À une heure du matin » Charles Baudelaire.
Tout peut arriver, même aux meilleurs…
La vie rencontre ses hauts et ses bas. Journée écrasante et dépit… Nous avons tous nos effrois et nos soupirs. Besoin de solitude et silence pesant.
Un besoin que C.Baudelaire, poète du XIXème siècle, essaye de nous communiquer dans son poème en prose, extrait du recueil Lespleen de Paris. « À une heure du matin » est un bilan, c’est l’heure du regard porté sur sa journée passée, dans lequel Baudelaire entremêle introspection et dénonciation.
L’étude s’axera sur la question suivante : Par quels moyens le poète établit-il la satire d’une société insignifiante et comment y échappe-t-il ?
Pour répondre à cette question, il s’agit d’analyser dans un premier temps lasolitude du poète vue comme échappatoire, avant de s’intéresser au mépris d’une société mal pensante, pour démontrer dans un dernier temps que le poète, à travers son introspection, prend conscience de sa condition absurde et de son malheur.
Baudelaire magnifie et fait valoir le désir ardent de solitude. Ce dernier considère le fait de ne pouvoir être seul comme un grand malheur.
Ce besoin desolitude est mis en avant par le champs lexical de l’exclusion : « silence » et « repos » l.4, tout ce qui le gênait « a disparu » et il reste désormais « seul ». Il installe des « barricades » pour se « séparer » des autres. Toute sociabilité est rejetée et un profond sentiment d’exclusion voulue se fait ressentir, renforcé par l’emploi du pronom « je » et l’absence d’adresseau lecteur.
Seulement pour Baudelaire la solitude n’est pas une fatalité : c’est un choix libre et conscient. C’est un besoin auquel l’auteur qu’il est aspire, comme en témoigne le « cri » de soulagement qui ouvre le poème :
« Enfin ! Seul ! … Enfin ! la tyrannie de la face humaine a disparu… Enfin ! Il m’est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres ! »
Grâce à l’adverbe «enfin » Baudelaire nous témoigne d’une longue attente, accentuée par sa forme exclamative et sa répétition ( anaphore ) qui traduit un désir puissant de solitude.
Le silence qu’engendre la solitude est rendu matériel par le verbe « posséder ». Il devient presque palpable et traduit ici la volonté de Baudelaire d’acquérir le silence, sa volonté d’être seul, ou accompagné seulement par lesilence.
Nous pouvons aussi remarquer que le poète s’enferme dans un univers carcéral grâce aux expressions « double tour à la serrure », « tour de clef » et enfin « fortifiera les barricades » qui témoignent d’un isolement, d’une mise à l’écart par rapport aux autres. L’enfermement du poète lui apporte un certain recul sur la société que lui seul peut obtenir.
Nous pouvons également observerque la solitude mène au bonheur du poète. En effet, les ténèbres normalement source d’angoisse, sont ici libérateurs comme l’illustre l’antiphrase « délasser dans un bain de ténèbres ». L’opposition entre « délasser dans un bain », évoquant un sentiment de bien être et de volupté ( le bain nous rappelle l’eau, source d’inspiration pour Baudelaire ), et « ténèbres » ( la solitude du poète ) montreclairement que le poète trouve l’allégresse dans sa solitude.
Le poète est un être qui a besoin de la solitude et de la quiétude du soir pour pouvoir se retrouver loin des autres hommes et loin du tumulte de la ville.
Une fois à l’écart, les bienfaits de la solitude le conduisent à nous faire part de sa misanthropie…
Dans son recueil Le spleen de Paris, Baudelaire traite beaucoup del’opposition entre l’idéal du poète et la réalité. Pour ce dernier, la société est un échec qu’il dénonce, critique et méprise dans « À une heure du matin ».
Baudelaire déplore les relations humaines nécessairement hypocrites et dans ce poème, il crache toute sa haine pour la ville et le genre humain : « Horrible vie ! Horrible ville ! » La forme exclamative, le choix de l’adjectif dépréciatif…