Cours de philosophie, thème : l’expérience.

L’EXPÉRIENCE

Définition :

I°/ EXPÉRIENCE, du latin experientia :

a) C’est une épreuve pour démontrer ou étudier quelque chose. Plus précisément, une épreuve scientifique instituée pour examiner les phénomènes et rechercher les lois qui les régissent, en les reproduisant artificiellement. Une expérience de physique, de chimie par exemple. Expérience, désigne aussi la méthode expérimentale(hypothèse + expérimentation), c’est-à-dire l’ensemble des moyens et procédures de contrôle destinés à vérifier une hypothèse ou une théorie en la confrontant à des faits. L’expérience est donc une enquête, une investigation sur le réel.

Pistes de réflexion :

1°/ Le fait est-il un donné brut ou une construction rationnelle ? Comment l’esprit humain met-il en ordre les phénomènes ?
2°/ Queltype de contrôle peut-on effectuer par l’expérience ? Comment la raison encadre, informe, les données de l’expérience pour leur donner un sens et une utilité ?
3°/ Comment être certain que les lois de la nature ne sont pas le produit d’habitudes perceptives ou intellectuelles ? Comment critiquer la formation de nos concepts scientifiques ? Les concepts et les théories scientifiques ne sont-ilspas des créations libres de l’esprit humain, visant la représentation de ce qu’on ne peut pas voir de réalité ?

I°/ L’architecture démonstrative de l’expérience :

Charles Darwin écrivait : « Pour être un bon observateur, il faut être un bon théoricien ». Ceci signifie que l’expérience immédiate ne se suffit jamais à elle-même, et que l’empirisme (l’idée que toute nos connaissances dériventde l’expérience) est un insuffisant. Sans raisonnement préalable, sans hypothèse a priori, une expérience ne peut rien nous apprendre. On comprend par là, que la démarche scientifique ne saurait se contenter de collectionner des observations sans les vérifier, les conceptualiser, les expliquer, les ordonner dans un système. En effet, une observation n’est pas immédiatement un objet de connaissance.Tout effort de connaissance scientifique se signale plutôt par un refus de l’expérience immédiate, par une méfiance théorique à l’égard des synthèses spontanées de la perception, par le désir de discerner un ordre réel sous le désordre apparent. La nature ne nous offre au premier coup d’oeil qu’un chaos suivi d’un autre chaos ; non point un univers transparent, mais une multiplicité opaque, ausein de laquelle le discours méthodique de chaque science tisse laborieusement son réseau de concepts, constituant ainsi son propre objet d’étude. On passe ainsi de la simple observation empirique à l’expérimentation scientifique. Husserl écrivait dans La Crise des Sciences européennes et la Phénoménologie transcendantale (1936) : « C’est l’essence propre de la science de la nature, c’est a priorison mode d’être, d’être hypothèse à l’infini et vérification à l’infini ». En effet, sous peine de nullité, toute observation doit venir à sa place dans l’architecture des concepts, parmi les matériaux de la construction de la théorie (hypothèse, déduction, induction, etc) et provoquer une vérification expérimentale. Les rapports entre la théorie et l’expérience, le discours et la pratique sontdonc étroits. Toute science est un système particulier de vérités hypothético-déductives, c’est-à-dire ouvertes à la fois du côté de la théorie et du côté de l’expérience. Loin d’être produit par l’expérience, le cours progressif des théories produit l’ordre des faits, Canguilhem écrivait : « Le fait n’est pas ce dont la science est faite, mais ce que fait la science en se faisant ». La connaissanceobjective ne montre que ce qu’elle démontre. La démarche scientifique n’est donc pas empirique, elle est expérimentale. Mais que veut dire expérimental ? Qu’est-ce qui distingue empirique et expérimental ? Illustration.
L’expérience de la boule de billard ——> Une boule de billard en heurte une autre. Je peux constater que la deuxième boule se met en mouvement : simple observation…