Michel Peyret
28 août 2010
DE ANDRE GORZ A L’ECOSOCIALISME
Ici, il sera question d’écologie politique.
Allons immédiatement à un questionnement essentiel: l’écologie est-elle soluble dans le productivisme et le capitalisme?
Pour André Gorz, la réponse ne fait aucun doute: l’écologie politique doit être ancrée dans la critique du mode de production capitaliste et de l’aliénation dansle travail, et loin de légitimer l’accroissement du pouvoir des experts, elle doit au contraire viser la réappropriation par les individus de la maîtrise sur leur vie.
LA DEFENSE D’UN MONDE VECU
« L’écologie politique, dit-il, n’est pas identifiable aux politiques de « préservation du milieu naturel » qui, s’appuyant sur l’étude scientifique de l’écosystème, cherchent à déterminerscientifiquement les techniques et les seuils de pollution écologiquement supportables, c’est-à-dire les conditions et les limites dans lesquelles le développement de la technosphère industrielle peut être poursuivi sans compromettre sans compromettre les capacités autogénératrices de l’écosphère.
« Pour celles-ci, en effet, il ne s’agit pas de pacifier nos relations à la nature, mais seulement de la« ménager ( au double sens de management et demanagement ) »
Pour Charlotte Nordmann qui cite ainsi Gorz dans un article de « Sociologias », intitulé: « Ecologie, écologie: l’écologie existe-t-elle? », l’écologie politique ne doit pas être assimilée à ce qui n’en fait qu’une recherche anxieuse des moyens de préserver l’industrialisme et le productivisme, motivée par la menace d’une apocalypse imminente.« Gorz, dit-elle, nous rappelle ainsi que le mouvement écologique est né bien avant que la survie de l’humanité ne soit mise en question: son enjeu est à l’origine la lutte contre la destruction de la culture du quotidien par les appareils de pouvoir économiques et administratifs, de sorte que la défense de la « nature » doit ici s’entendre moins comme la défense d’un « milieu naturel » que commecelle d’un « monde vécu », où les individus peuvent s’épanouir parce qu’ils sont capables de le comprendre, d’y agir et de le maîtriser.
MAXIMISER L’AUTONOMIE DES INDIVIDUS
Pour Charlotte Nordmann, « l’engagement de Gorz dans le mouvement de l’écologie politique a d’abord ce sens, celui de la recherche des moyens de maximiser l’autonomie des individus, leur libération vis-à-vis tant de lanécessité matérielle que des contraintes construites par l’organisation capitaliste du procès de travail…
« Sa question, c’est celle des rapports des hommes à leur milieu, au monde vivant, naturel mais aussi social, dans lequel ils l’inscrivent. Il va ainsi jusqu’à mettre en garde contre les risques de « pétainisme vert, d’écofascisme, ou de communautarisme naturaliste…
« Si, dit-elle, lesimpératifs écologiques relèvent simplement de la science, et non de la politique, on pourra accepter qu’ils soient mis en oeuvre de façon autoritaire, par des lois et des règlements contraignants, des « taxations, des subventions et des pénalités » qui dépossèderont plus encore les individus de leur capacité de décider collectivement de leur vie, sans changer rien aux mentalités ni aux valeursconstruites par le système économique et social actuel…
LE DEVELOPPEMENT DURABLE RELEVE DU FANTASME
« Ce qui serait masqué, précise-t-elle, c’est le fait qu’il ne peut y avoir de politique écologique sans ruptures avec la logique capitaliste.
« Lorsqu’on ne reconnaît pas cette contradiction, on peut en venir à croire que l’impératif de « respect de l’environnement » va s’imposer de lui-même et àtous…
« Mais le capitalisme repose sur l’exigence d’une croissance constante, de l’augmentation continue du volume de marchandises produites et consommées, ce qui est directement contradictoire aussi bien avec la prise en compte du caractère fini des ressources naturelles qu’avec la rupture de l’idée que ces « ressources n’existeraient que pour être exploitées.
« Toute la rhétorique du…