Deviens ce que tu es

Dissertation de philosophie

Heidegger dans son ouvrage Etre et temps (§9), dans une perspective existentielle soumet l’idée que l’homme (le Dasein) n’a pas le mode d’être des choses, de l’étant sous la main (Vorhandenheit). Ce Dasein, on l’atteint par la question « qui ? ».Et jamais par la question « quoi ? ». La citation de Nietzche dans Ainsi parlait Zarathoustra, IV,« l’offrande du miel », nous dit « deviens qui tu es » qui est la citation adéquate, alors que notre sujet pose comme libellé « deviens ce que tu es ».
L’enjeu est donc celui de savoir comment l’individu humain peut accéder à ce qu’il a de plus propre, à ce qui l’individu radicalement, à ce qui le singularise comme cet individu là, et nul autre. Pour Heidegger, c’est là le problème de l’authenticité, etl’authenticité, elle s’atteste dans la manière dont on assume notre propre mort, comme cet horizon qui nous singularise en nous interpellant depuis notre avenir: d’où pour Heidegger le privilège de l’avenir sur le présent, de la temporalité extatique, propre à l’existence humaine.
Le concept de temporalité est à traiter au même plan que le concept d’identité c’est-à-dire dans la recherche de cetêtre que l’on veut ou non atteindre.
On peut se demander si l’identité personnelle est soumise au changement, au devenir ?
Les deux problèmes qui sont à résoudre sont d’une part la dualité entre être et devenir qui ressort de la citation par le « deviens » et « tu es » qui implique de se pencher sur l’être en tant qu’être toujours dans une étude de temporalité où l’homme est déterminé comme il est,il ne peut pas changer sa forme. Dans une seconde partie, nous monterons que l’existence précède l’essence et que l’homme est en mouvement constant et enfin il fait accorder une place au problème de l’identité car comment peut on parler encore d’identité alors que l’homme qui est toujours autre reste pourtant le même.

Dans un premier temps, il serait intéressant d’étudier le coupleêtre et devenir qui s’inscrit dans la citation « deviens ce que tu es ». C’est un couple conceptuel classique de la métaphysique qui vient d’abord de l’antiquité. De fait, l’être dans la citation est repérable par le verbe conjugué « tu es » qui vise un homme.
En ce qui concerne le devenir, Platon suppose que ce devenir, ce sont les apparences, les phénomènes, ce qui est soumis au changement,c’est-à-dire à la naissance et à la mort. Alors que l’être c’est la réalité du réel, des Idées ou des Formes qui elles ne naissent, ni ne périssent, et par la connaissance intuitive desquels, on peut isoler le même dans l’autre, l’identité dans le changement constant qui affecte le sensible.
Si l’on prend l’exemple des multiples arbres devant la fenêtre. Ces arbres changent, vieillissent, meurent…Ils sont différents pourtant je reconnais en eux un universel celui de la forme « arbre ».
L’arbre est détermine sous cette forme, il ne changera pas et donc le déterminisme est bien représenté ici. Dans cette perspective, je suis un être accompli, je n’ai pas à devenir ce que je suis car je suis déjà déterminé à rester un être figé dans le temps.
Le fait de chercher ce que l’on voudrait êtrepose des contraintes car on admet qu’il y a des traits que l’on voudrait rejeter et les changer par d’autres. Par exemple, je suis trop petite de taille, j’aimerais être comme mon ami qui fait quinze centimètres de plus que moi. Je n’ai pas choisi d’être petite et donc de faire cette taille là. Cette portée déterministe semble dire que je suis destiné à être comme ça et je n’ai pas le choix de faireautrement. D’où un manque de liberté.
Ainsi, la vraie liberté réside dans le fait d’accepter ce que je suis et ne pas chercher à devenir un autre que moi. Si j’accepte ce que je suis, je ne m’impose pas de devenir autre chose, je ne chercherai pas à être ce que je ne suis pas, ou ce que je devrais être pour plaire aux autres, par exemple.
Si je m’accepte comme je suis, je ne me fixerais…