L’Héroïsme : questions de formeEn relation avec les arts plastiques et avec les productions de la poésie etdu théâtre, Hegel, dans ses leçons d’esthétique, distinguait le héros épique,le hérostragique et le héros dramatique. Le héros épique est confronté à des forcesextérieures qui peuvent l’écraser, mais devant lesquelles son triomphe estpossible: chez Homère, le héros est l’homme exemplaireabattu par lanécessité. Le héros dramatique est lui seul un être deliberté : il peut ne manifester aucune des grandes vertus héroïques, mais ilévolue dans un monde contingent où sa volonté de puissanceprétend, sansillusion, installer du sens. Le drame exprime cet univers de liberté et opposeaux valeurs traditionnelles la quête individuelle de valeurs privées. L’épopéen’est pas seulement un artfruste, témoin de cette sobriété occidentale dontHölderlin rend hommage à Homère : s’il y a métaphore, transposition des »grandes volontés » dans le naïf, c’est que la présentation qui estfaite des actesdes héros se fait dans le cadre d’une vision fataliste. L’étudede nos trois œuvres devra démêler ce rapport qu’entretient la »volonté » des héros avec le destin, et les trois genres différentsqu’ellesnous proposent – épique, dramatique et romanesque – ne pourront quecommander à chaque fois un propos différent sur l’héroïsme :l’épopée (Iliade), parce qu’elle est un récit oùle point de vue du narrateurest omniscient, interdit le subjectivisme et resteimpropre à l’introspection individuelle : peu de débats de conscience, eneffet, chez des héros déterminés par un destin connu et accepté. Ici encore,lacondensation nécessaire d’un règne à quelques-uns de ses épisodes évite lesmoments nuls, mais la représentation scénique des relations entre lespersonnages favorise la confidence personnelle duhéros et son introspectionpublique. Cette vertu, cette dignité, c’est aussi d’elles queparle J.J. Rousseau lorsqu’il se demande quelle est la vertu qui fait les héroset qu’il répond en désignant la…