En vous appuyant sur le début du film, vous vous demanderez si Frears parvient à restituer assez fidèlement l’entrée dans le roman des Liaisons dangereuses de Laclos.
La réécriture peut s’avérercomplexe quand il s’agit d’adapter une œuvre littéraire à l’écran. Le langage de l’image peut-il se substituer à celui du verbal ou du moins traduire fidèlement la pensée d’un écrivain ? En 1989,Stephen Frears réalise « Les Liaisons dangereuse », adaptation du roman éponyme de Laclos, auteur du XVIIIème siècle. Parvient-il à transposer assez fidèlement cette œuvre épistolaire ? Et cela est-ilperceptible dès le début du film ? Nous montrerons que les premières séquences restituent l’entrée dans le roman mais que le langage de l’image impose des différences.
D’emblée la générique adopte unobjet référentiel à l’œuvre écrite, celui de la lettre. En gros plan, le spectateur découvre un courrier que deux mains déplient et dans lequel se trouve inscrit le titre « Dangerous liaisons ».L’univers épistolaire est donc évoqué et le générique se poursuit sur le lever de deux personnages filmés en un montage alterné qui crée une impression de va et vient pouvant traduire la correspondanceéchangée entre différents individus notamment la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont. En effet dans les six premières missives du roman, le lecteur découvre ces deux personnages et parvient àsaisir leurs principaux traits de caractère. Ils semblent entretenir une relation de proximité comme le sous entend Madame de Merteuil dans la lettre II quand elle écrit « J’ai besoin de vous », mais ilspossèdent également le gout de la manipulation puisqu’ils souhaitent faire de Gercourt « la fable de Paris ». Ils considèrent le monde comme un jeu dont ils seraient les maîtres.
Les premièresminutes du film mettent l’accent sur ces personnages qui sont entourés, parés et qui visiblement incarnent une puissance certaine. Quant au ton adopté dans l’écriture, il marque une forme de légèreté…