Introduction Un enchanteur est comme un magicien : il est à la fois celui qui donne du plaisir, et celui qui trompe par l’illusion ; il est celui qui charme, dans tous les sens du mot, c’est-à-direqui séduit, et qui jette un sort. Mais est-ce bien là ce que nous cherchons dans la littérature ? Le plaisir et l’enchantement priment-ils sur la réflexion, et l’intelligence des choses ? Nous verronsd’abord comment l’écrivain peut enchanter le lecteur, puis quelle est sa fonction critique, avant de nous intéresser à la transformation du réel opérée par la littérature. I. Enchanter le lecteur A.La notion de plaisir 1. Le plaisir esthétique, le beau Si la littérature nous enchante, nous fait plaisir, c’est avant tout pour des raisons esthétiques. Nous trouverons « beaux » un roman ou un poème,et c’est de cette contemplation de la beauté, quand elle serait uniquement formelle, que nous tirons du plaisir. Exemples : la poésie hermétique de Mallarmé, qui cisèle les mots ; la pureté du stylede Racine ; la virtuosité syntaxique de Proust. 2. Le plaisir intellectuel, le brio Ce plaisir esthétique est encore renforcé par le brio intellectuel de l’écrivain : un beau raisonnement, un paradoxefinement présenté, enchanteront notre esprit. Là encore, c’est la virtuosité qui nous donnera du plaisir. Exemples : les Maximes de La Rochefoucauld, les longues introspections dans les romans deStendhal, les déductions subtiles de Zadig. 3. Le plaisir intellectuel, la compréhension Dès lors, le plaisir sera aussi celui de mieux comprendre le monde, en comprenant les réflexions de l’écrivain.Cela concerne d’ailleurs aussi bien la littérature que la philosophie. Exemples : les Pensées de Pascal, les Essais de Montaigne, mais aussi des ouvrages de fiction, comme Les Lettres persanes deMontesquieu, ou les Contes, de Voltaire.
Est-ce que l’écrivain doit avoir plusieurs fonctions : celui d’amuseur public, celui de réveil des consciences ou d’autres fonctions que nous ne connaissons…