Suffit-il de se souvenir pour écrire un récit autobiographique ?
L’autobiographie peut se définir comme étant une sorte de support paginée qui accueille les souvenirs de son auteur sous forme de mots. Dans une autobiographie, l’auteur peux choisir selon son bon vouloir de relater une ou plusieurs parties de sa vie, des plus importantes au plus insignifiante sans oublier de prendre en comptela valeur et la véracité de ses souvenirs. Les souvenirs sont la matière première, la base d’une autobiographie. Ils sont indispensables à sa conception mais dans l’ensemble suffit-il vraiment de se souvenir pour écrire un récit autobiographique ? Dans un premier axe de réponse nous constaterons que se souvenir est chose essentielle pour s’atteler à l’écriture d’un récit autobiographie maisnous verrons également cette fois-ci dans un deuxième axe de réponse que se souvenir est insuffisant pour caractériser un récit autobiographique.
Tout être humains, dans sa vie a déjà vécut un événement marquant dont il garde le souvenir. Un traumatisme, une peine de cœur, des épisodes de la vie qui nous apparaissent des lors tristes, amers, paisibles, mouvementés. En somme chacun de nous esttributaire de ces souvenirs. Écrire une autobiographie permet de faire une certaine « reconstitution » de ces souvenirs qui peuvent à première vue nous apparaitre futiles et surtout bien enjôlés. L’auteur se lance alors dans une quête aux souvenirs en retraçant son parcours, souvent en partant du point de départ qui est son enfance, au moment de l’écriture même. Il prélève donc dans sa mémoire lessouvenirs qu’il veux voir paraître dans son autobiographie . C’est un véritable travail de recherche que l’auteur doit faire pour permettre à son autobiographie d’être la plus cohérente possible. Après avoir chercher et sélectionner ses souvenirs il doit d’une certaine manière les reconstruire, les mettre dans leurs contextes .. C’est donc un gigantesque travail que l’écrivain doit faire pourpermettre à ses souvenirs de tenir une place essentielle dans son autobiographie. Dans W ou le souvenir d’enfance de Georges Perrec, l’auteur se remémores certains épisodes son enfance, comme lorsqu’il déchiffre une lettre devant les yeux ébahis de sa famille. Après avoir retrouvé dans sa mémoire ce souvenir, Perrec l’a reconstruit de sorte qu’il nous apparaisse utile à son récit.
L’écriture d’uneautobiographie est dans un sens l’ambition de restituer le passé, de relier le présent au passé, de reconstituer la trame d’une vie pour lui donner un sens. C’est ainsi que l’auteur en cherchant et en reconstituant ses souvenirs réécris avec moins de taches et de zones d’ombres sa propres vie ainsi que sa propre histoire. Ses souvenirs qui mettent en relation présent et passé permettent en mêmetemps de mieux se connaître et donner un sens à sa vie. Avoir des souvenirs est une chose commune, mais même en étant quelque chose de banal l’écrivain doit savoir gérer cette difficulté de la mise en relation du passé avec le présent. Ceci est perçu comme étant une difficulté à cause des obstacles rencontrés lors de la remémoration des souvenirs. Souvenirs douloureux qu’ils est difficile derevivre ou encore l’apparition d’une amnésie partielle qui empêche l’histoire de l’auteur à prendre forme . C’est ainsi que George Perec déclare « n’avoir pas de souvenirs d’enfance ».
Mais se souvenir n’est pas suffisant pour caractériser le récit autobiographique car comme tout récit elle obéit à une composition, à une structuration avec le choix et le tris des moments décisifs d’une vie , àune cohérence qui n’en avait pas précisément avant l’écriture mais surtout l’autobiographie obéit à un pacte : le pacte autobiographique. Le pacte autobiographique est un engagement que prend l’auteur à raconter directement sa vie dans un esprit de vérité. Seul le problème de la défaillance de la mémoire peut aller à l’encontre de ce pacte. Le souvenir est insuffisant pour caractériser le récit…