9 Mai 2005
Dissertation : « Le langage est un pouvoir. Celui qui a un discours construit, qui parle mieux et qui fournit du sens, dispose d’une arme. A l’inverse, l’incapacité à dire le réel, à le classifier à travers le langage, rend vulnérable, prisonnier du monde et réduit aux dimensions d’un leurre l’esprit critique. »
Le langage est devenu, avec l’évolution de l’espèce humaine, unmoyen d’expression perfectionné, non seulement de la pensée mais aussi des sentiments. C’est l’usage et l’adaptation dans le processus de l’évolution qui a créé et développé ce moyen d’expression mais la communication n’est pas restreinte au langage parlé ou écrit. Il en existe d’autres, qui font appel aux autres sens. Le message visuel demeure important surtout chez les animaux qui ont une capacitésensorielle considérable.
Si nous posions la question de savoir à quoi sert le langage, nul doute que la réponse serait « à communiquer ». Dans le monde médiatique dans lequel nous vivons il est entendu que le langage, est avant tout voué à la communication. Ce mot magique est constamment répété : nous vivons à l’heure des nouvelles technologies de communication. Cependant, la communicationest-elle vraiment la vocation la plus élevée du langage ?
En quel sens le langage est il un outil de communication ? A partir du moment où existe un état social, il faut qu’il y ait un moyen de mise en relation des individus entre eux, donc un moyen de communication. Les animaux eux-mêmes disposent d’un système de signaux qui répond au besoin de faire circuler de l’information, au minimum dans lebut du partage des tâches. Langage et société vont ensemble ; le dire est énoncer une banalité. Mais le langage humain n’est pas fondé sur la nature du signal. Il n’est pas seulement fait pour déclencher des conduites. Il est un instrument d’information non dans un sens conditionnel, mais dans un sens plus intelligent. Son objet est la signification grâce à l’usage de signes et non la manipulationdes signaux. Il nous est nécessaire non seulement de nous exprimer, ce que nous faisons de toute manière avec notre démarche, nos gestes etc., mais surtout de communiquer et nous communiquons avec autrui au niveau du sens du message.
La communication, dans le sens humain de langage, est la mise en commun du sens entre plusieurs sujets. Entre eux s’effectue un partage du sens grâce à unecompréhension mutuelle. Communiquer est bien plus qu’informer. S’informer veut dire acquérir un savoir ; l’information est reçue et elle est plus ou moins bien comprise et assimilée. La communication suppose non seulement le fait de transmettre une information, mais encore de l’avoir si bien intégrée, que nous devenons capable de la commenter, de la discuter et de retourner à un interlocuteur un avisintelligent. La communication donne lieu à un échange vivant de point de vues. Elle suppose implicitement le dialogue, mais elle n’est pas seulement le dialogue qui ne se construirait qu’à deux ; le mot communiquer appelle un pluriel qui peut s’étendre au delà de deux, à trois, dix ou cent. Si nous pouvons dialoguer à deux, on communique à plusieurs.
Tant que la communication est là, chacun tirede l’échange un enrichissement intellectuel, puisqu’il peut accéder à un point de vue différent du sien, susceptible de l’étendre et de le compléter. Mais la communication n’est pas seulement un processus intellectuel. Elle est aussi et avant tout une relation affective. La communication suppose une unité. En communicant, nous ne faisons pas que partager des idées, nous partageons aussi desémotions, des sentiments ou un avis, nous partageons une commune présence. Communiquer, c’est être ensemble, être unis. L’enrichissement que l’on tire de la communication n’est pas seulement fait pour l’intellect, il nourrit aussi le cœur. Il réalise le sentiment précieux de pouvoir être ensemble, et pas seulement d’être avec des « autres ». Le but de la communication c’est aussi la chaleur d’une…