Texte n°1 Dumarsais :
INTRODUCTION
Le mot « Lumières » désigne métaphoriquement le mouvement intellectuel qui caractérise le dix-huitième siècle européen : il évoque le passage de la nuit au jour, de l’obscurantisme à la connaissance rationnelle, qui marque cette époque décidée à secouer tous les jougs (domination) qui pesaient jusque-là sur les peuples. Fédérés par l’Encyclopédie, ilss’attachent aux valeurs de la bourgeoisie montante – mérite, travail, libre entreprise – encouragées par le modèle idéal du despote éclairé. Venus d’horizons différents, ils peuvent varier sur certains aspects de la vie sociale (querelle Voltaire-Rousseau), mais leur accord résonne dans le cri de guerre entendu par Condorcet : raison, tolérance, humanité. Les philosophes sont animés par leurconsidération pour le genre humain et par leur foi dans sa marche vers le progrès.
Au sens actuel et restreint, le philosophe est un spécialiste de la théorie et de l’abstraction. Au XVIII° siècle, c’est un homme pratique, soucieux de la réalité quotidienne, guidé par trois principes essentiels : être utile, être sociable, être cosmopolite.
L’œuvre représentative de ce siècle fut l’Encyclopédie(1751-1772), ouvrage ayant une double vocation : répertorier les connaissances du XVIIIème siècle et ouvrir une réflexion critique.
Ce texte se présente sous la forme d’un article d’encyclopédie, c’est-à-dire un exposé clairement structuré et un texte qui devrait être neutre et plutôt explicatif. Dans ce texte, Dumarsais explique le mot « philosophe » et insiste sur la nécessité de tout soumettre àl’analyse critique.
Il y donne une définition de l’honnête homme du XVIIIe siècle qui met au service des autres ses capacités d’analyse et de réflexion libérées des passions.
Nous pouvons distinguer trois mouvements dans ce texte:
-Le philosophe par rapport à lui-même (connaissance de soi) (l.1-10)
-Le philosophe par rapport à la connaissance et à ses principes (l.11-37)
-La sociabilité duphilosophe (l.38-52)
LECTURE
Dans quelle mesure cette définition du philosophe enfreint-elle les règles d’écriture d’un article encyclopédique auquel il est censé appartenir ?
Annonce du plan
I – Le philosophe a une démarche intellectuelle rationnelle.
Dumarsais défini dans ce texte l’attitude du philosophe.
a. Le Philosophe fait usage de sa raison.
Dès le début, Dumarsais oppose lephilosophe / autres hommes : locution « au contraire » L2
Dumarsais fait l’éloge du philosophe ? fait le blâme des autres hommes ordinaires
Selon Dumarsais philosophe ? homme prévoyant, lucide et qui n’agit pas sans réflexion préalable. : Métaphore d l’horloge (L3) « c’est une horloge qui se monte » ; le métier de l’horloge connote la précision. Le ph tout comme l’horloge a un fonctionnement,un mécanisme, réglé par des automatismes, réflexes qui le conduisent à réfléchir avant d’agir.
NB : Le terme horloge renvoie à une expression qu’à inventer Voltaire en définissant le Dieu sous le nom de Dieu Horloger (Dieu a créé le mécanisme puis laisse se régler le monde comme se fait une montre, une horloge).
b. Le Philosophe privilégie la réflexion aux passions.
– Opposition du ph. A sessemblables par la dialectique passion/raison qui démontre la différence hommes/ph. : Métaphore de la nuit et du flambeau (L10) : « il marche dans la nuit mais est précédé d’un flambeau ».
– « nuit » désignant les passions fait écho au substantif « ténèbres » (L9), ? le terme « flambeau » désigne la lumière de la raison ? Dumarsais parle bien d’un ph éclairé donc des Lumières. Il ne se laissepas diriger par ses désirs, par ses passions.
– On retrouve aussi la récurrence du substantif « raison » lignes 8, 10, 30, 50, 55. ? la raison et le philosophe ne font qu’un.
c. Le philosophe recherche la vérité.
– Le philosophe ne se laisse pas tromper par une illusion du vrai, il croit à la vérité et non à la vraisemblance. L’antithèse est présente dans le texte « vérité » L11,…