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romantisme
Au début du XIX? siècle, une nouvelle conception esthétique déferle sur l’Europe ; ses écrivains, ses artistes, ses musiciens vont se ranger sous la bannière romantique. Avec des nuances selon les cultures nationales, les mêmes thèmes se retrouvent dans leurs drames, leurs poèmes, leurs tableaux, leurs symphonies… Tous partagent la même attitude : ils repoussent leclassicisme et refusent tout compromis avec le rationalisme. Leur émotion embrasse la nature et leur révolte les soutient face à la société. En privilégiant l’imagination et la sensibilité, les romantiques ont placé dans leur sillage toute l’esthétique moderne.

DOSSIER

la musique beaux-arts européens dès du L a littérature,s’ouvrirent, et les la ?n qui XVIII? siècle, à une sensibilité nouvelleDétail de Scènes des massacres de Scio (1824), de Delacroix, l’un des chefs de ?le du romantisme français. / RMN

exaltait la vision subjective de l’individu. Poètes, musiciens, peintres, sculpteurs et architectes cherchèrent, dans l’imagination et la sensibilité, les voies d’une connaissance nouvelle, qui devait permettre au « moi » d’atteindre une vision globale du monde et de la nature. EnAngleterre, le rêve, la nostalgie et l’aspiration mystique inspirèrent deux précurseurs du romantisme, le Suisse Johann Heinrich Füssli (1741-1825), qui se ?xa à Londres, et son ami William Blake (1757-1827), poète et peintre visionnaire.
Littérature Le romantisme fut un mouvement littéraire plus qu’une école, même si la volonté pédagogique n’en était pas absente. La principale caractéristique de cemouvement fut d’être transnational et européen, puisqu’il est représenté en Angleterre, en Allemagne, en France, mais aussi en Italie (Alessandro Manzoni, Giacomo Leopardi), en Espagne (José Zorilla y Moral) et jusque dans les pays scandinaves (Oehlenschläger, Stagnelius). Pour la première fois depuis l’humanisme de la Renaissance, un mouvement intellectuel et artistique dépassait le cadre national,mais cette fois pour des raisons très di?érentes : en e?et, l’unité de l’humanisme se fondait sur la participation à un même univers, celui de la chrétienté,
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Qu’est-ce que le romantisme ?
« Peu de gens aujourd’hui voudront donner à ce mot un sens réel et positif ; oseront-ils cependant a?rmer qu’une génération consent à livrer une bataille de plusieurs années pour un drapeau qui n’est pasun symbole ? […] Quelques-uns ne se sont appliqués qu’au choix des sujets ; ils n’avaient pas le tempérament de leurs sujets. D’autres, croyant encore à une société catholique, ont cherché à re?éter le catholicisme dans leurs œuvres. S’appeler romantique, et regarder systématiquement le passé, c’est se contredire. Ceux-ci, au nom du romantisme, ont blasphémé les Grecs et les Romains : or on peutfaire des Romains et des Grecs romantiques, quand on l’est soi-même […]. Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets, ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. Ils l’ont cherché en dehors, et c’était en dedans qu’il était seulement possible de le trouver. Pour moi, le romantisme est l’expression la plus récente, la plus actuelle du beau. Il y a autant de beautésqu’il y a de manières habituelles de chercher le bonheur. La philosophie du progrès explique ceci clairement ; ainsi, comme il y a eu autant d’idéals qu’il y a eu pour les peuples de façons de comprendre la morale, l’amour, la religion, etc., le romantisme ne consistera pas dans une exécution parfaite, mais dans une conception analogue à la morale du siècle […]. Il faut donc, avant tout,connaître les aspects de la nature et les situations de l’âme, que les artistes du passé ont dédaignés ou n’ont pas connus. Qui dit romantisme dit art moderne, c’est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’in?ni, exprimées par tous les moyens que contiennent les arts. » Ch. Baudelaire, Curiosités esthétiques.

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