ECONOMIE, CREATIVITE, CULTURE:VERS UN NOUVEAU PARADIGME
UN TRIPLE CONSTAT
1/ En 1989, à la suite de la chute du Mur de Berlin, outre la dimension politique, beaucoup ont interprété cet événement considérable comme la victoire d’un modèle économique (celui de l’économie libérale/système capitaliste) sur un autre (celui de l’économie collectiviste/système communiste) et de considérer quel’économie libérale triomphante – et désormais en situation monopolistique – devait s’imposer sans limites sur l’ensemble des pays de la planète. Or, il est avéré que tout système en situation de monopole court à sa perte s’il n’est pas régulé par des contre-pouvoirs qui en limitent les abus et les excès. D’une certaine manière, la crise déclenchée en 2008 ferme donc une parenthèse de 20 années etmarque la fin d’un modèle dérégulé qui n’a plus de points de repère jusqu’à inventer une économie virtuelle qui pensait pouvoir s’affranchir des réalités économiques et sociales. Plus que jamais, repenser les finalités (donner du sens) de ce modèle économique s’impose.
2/ Dans le même temps, la nécessité de reconstruire des points de repère s’est peu à peu imposée, cette reconstruction ayant unedes conséquences néfastes (la réemergence de nationalismes) mais aussi parfois heureuses comme la signature de la Convention de l’Unesco en 2005 sur la diversité culturelle. Ce dernier acte entérine en droit que les caractéristiques culturelles d’un territoire, d’une région, d’un pays doivent s’imposer sur toute autre considération, y compris économique. Concrètement, nous voyons bien aujourd’huique tout projet économique ne peut se mettre en œuvre que s’il tient compte des caractéristiques culturelles (au sens large) du lieu dans lequel il se déploie (exemples : erreurs en Chine). La meilleure illustration de la prééminence de l’ordre culturel sur l’ordre économique : le développement des Instituts Culturels (Goethe, Cervantès, Dante, Alliance Française, Confucius). Pour les seulsInstituts Confucius, le gouvernement chinois en a implanté en quelques années près de 300 dans 70 pays dont 10 en France. Quant aux Alliances Françaises, en 2009 elles accueillent chaque jour environ 460.000 étudiants dans 1.040 Alliances implantées dans 135 pays.
3/ Les relations entre le monde économique et le monde culturel sont très variables selon le contexte dans lequel on se situe : autantelles sont faites de pragmatisme dans le monde anglo-saxon autant elles sont faites de méfiance voire de désintérêt dans d’autres univers comme les pays du Sud de l’Europe (Espagne, Italie, France). En France, le monde de la culture se méfie de l’immixtion du monde économique dans ses projets en considérant qu’il peut nuire à la liberté de création ; d’un autre côté le monde économique (à l’exceptionde quelques grands mécènes) a peu de considération pour le monde culturel jusqu’à considérer que la culture est avant tout un coût avant d’être un investissement : il s’agit donc de réconcilier ces deux mondes dont l’interdépendance s’impose si l’on se réfère aux deux premiers points de ce constat.
UNE HEUREUSE DECOUVERTE
Fort de ce triple constat, les membres de l’Institut des Deux Rives deBordeaux ont entamé des recherches en 2008 pour tenter de cerner un nouveau modèle de développement qui soit porteur de sens et facteur de progrès. Ces recherches nous ont conduit à travailler sur un nouveau concept que d’aucuns qualifient de nouveau paradigme : l’économie créative.(voir :Institut des Deux Rives « introduction à l’économie créative. » Editions Mollat 2009)
De quoi s’agit-il ?Historiquement centrée sur les industries créatives la notion a émergé dans les années 90, d’abord en Australie puis au Royaume Uni qui l’a popularisée dans le cadre de la nouvelle politique économique mise en place par le gouvernement de Tony Blair.
La définition la plus récente des industries créatives figurent dans le Rapport 2008 de la CNUCED (CREATIVE ECONOMY) : « Les industries…