Introduction.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France a connu de rapides et profondes
transformations.
La modernisation économique, favorisée par l’ouverture sur l’Europe et le monde, permet
une forte croissance jusqu’aux années 70. Puis la crise, porteuse de chômage et de
précarité, multiplie les exclusions et semble ébranler jusqu’aux fondements de la société.Dans un même temps, l’univers des Français se transforme radicalement, que ce soit
dans les lieux de vie (mutation des campagnes, poussée des grands ensembles et des
lotissements pavillonnaires, paysage marqué par l’automobile), les rapports familiaux et les
liens entre générations, les moeurs et les valeurs, la santé.
Le niveau de vie s’améliore nettement. De nouvelles techniques dediffusion élargissent
l’accès aux biens culturels en supprimant certaines barrières financières.
Une telle évolution, jointe à la scolarisation de masse, fait croire, dans les années 50 à
une démocratisation culturelle, mais cet espoir s’efface devant le développement d’une
civilisation des loisirs où la télévision jour un rôle déterminant.
Quels sont les particularismes de lamétamorphose de la société française de 1945 à
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I. De la croissance à la crise.
Si la France a mis en place une économie de marché comme les autres pays industrialisés,
elle s’en distingue toutefois par un certain nombre de caractères qui lui sont propres et qui
sont le fruit d’une histoire longue. Au cœur de ces différences se trouve l’Etat dont l’influence
se renforce considérablementau lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
A. Le temps de la reconstruction, le poids de l’Etat, une tradition
française.
Une France dévastée.
Au lendemain de la guerre, la France est ruinée. Les prélèvements allemands, les
bombardements des infrastructures portuaires, ferroviaires et industrielles, les combats
de la Libération ont fortement affaibli son potentiel économique.Les communications sont
désorganisées, l’agriculture manque de bras, le matériel industriel est usé. La production
agricole de 1945 ne représente que les 2/3 de celle de 1938 et la production industrielle
moins de la moitié. Du fait de ces difficultés, le rationnement se prolonge jusqu’en 1949.
Les déséquilibres financiers aggravent le bilan : depuis 1938, la dette publique a quadrupléalors que pénurie et marché noir nourrissent l’inflation. Pour réduire celle-ci, PMF, ministre
de l’Economie, propose de diminuer le pouvoir d’achat, trop élevé par rapport aux biens
produits, en instaurant l’épargne forcée (blocage d’une partie des billets en circulation). Mais
De Gaulle et le ministre des Finances, R. Pleven, renoncent à imposer cette politique de
rigueur auxFrançais. Désavoué, PMF démissionne le 5 avril 1945.
Un Etat entrepreneur.
a) Nationalisations de l’après guerre.
L’intervention de l’Etat dans l’économie s’accroît à la Libération. En effet, les dirigeants sont
plus favorables au dirigisme qu’au libéralisme.
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Pour contrôler le crédit et le financement des investissements, l’Etat nationalise les grandes
banques de dépôt (CréditLyonnais, Société générale, Banque nationale du commerce et de
l’Industrie) et une partie des compagnies d’assurances.
Les nationalisations effectuées de décembre 1944 à avril 1946 permettent aussi d’élargir
le secteur public. Elles sanctionnent les collaborateurs (Renault) et visent surtout à une
meilleure emprise sur les bases de l’économie : l’Etat contrôle désormais le crédit,l’énergie
ou les transport.
– toutes les compagnies charbonnières, l’électricité et le gaz sont nationalisés
(Charbonnages de France, EDF, GDF)
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En octobre, le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) est créé pour favoriser la
recherche dans un domaine fondamental pour l’avenir.
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Après la SNCF nationalisée en 1937, Air France, la RATP et la Marine marchande
deviennent des…