12.2 Canaux de transmission de la politique monétaire Il s’agit d’une section tout à fait importante dans le cadre de la compréhension de la réalisation du dispositif monétaire. Cependant, comme le reconnaît la BCE dans son rapport sur la politique monétaire, ce processus de transmission de la politique monétaire est complexe et, même s’il est connu dans ses grandes lignes, il n’existe pas deconception unique et incontestée de tous les aspects concernés.
12.2.1 Enjeux et canaux Le schéma de base : instrument(s) objectif(s) intermédiaire(s) / cible(s) ou pilier(s)
objectif(s) final(s), ne peut se réaliser sans l’existence de canaux de transmission représentés par les flèches. Ils constituent des liens spécifiques par lesquels les impulsions de la politique monétaire se répercutentsur l’activité économique et, plus particulièrement, sur le niveau des prix. Comment les modifications de taux d’intérêt directeurs décidées par les autorités monétaires affectent-elles l’ensemble du secteur financier et du secteur réel de l’économie ? Dans le chapitre précédent, nous avons vu que les banques centrales essayent de percevoir au mieux l’environnement, c’est-à-dire tous les signesannonçant l’émergence de tensions à venir, afin de prendre des mesures avant la survenance de ces tensions dans l’économie. Mais elles savent qu’il faut un certain délai avant que les effets des actions monétaires ne se fassent ressentir. Les banques centrales s’interrogent par conséquent sur les délais de réaction mais aussi sur leur ampleur. L’ajustement de l’économie ne s’effectue pas de manièreinstantanée. D’un point de vue théorique, il s’agit de s’interroger sur l’intégration de la monnaie1. Pour les monétaristes, l’action des autorités monétaires modifie les prix relatifs (actifs monétaires, financiers et réels) ensuite la consommation et l’investissement. Nous sommes dans le cadre des relations réelles de court terme avec transmission par les prix. A long terme, la politiquemonétaire n’a aucune influence sur l’activité réelle. Les prix relatifs des actifs diffusent les actions des autorités. Le modèle IS/LM de base développe une transmission par le taux d’intérêt réel. La courbe décroissante IS décrit l’équilibre sur le marché des biens, avec le couple production – taux d’intérêt tandis que la courbe croissante LM, l’équilibre sur le marché de la monnaie. L’équilibremacroéconomique est donné par le couple production et taux d’intérêt assurant simultanément l’équilibre sur les deux marchés. La transmission de la politique monétaire va donc passer par le taux. C’est pourquoi nous utilisons le terme de canal de la monnaie ou monétaire (« money view »). Le mécanisme retenu se traduit par des
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Cf. le chapitre 2 sur les fondements théoriques.
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ajustementsde portefeuille des agents, c’est-à-dire des ajustements entre monnaie et titres financiers (les crédits bancaires sont considérés comme de parfaits substituts aux titres). Cet ajustement va provoquer une modification de l’ensemble des taux d’intérêt. Ainsi, le taux de rendement du capital physique (le coût du capital) varie et les entreprises sont incitées à le renouveler, d’où une stimulation dusecteur des biens de production avec diffusion à l’ensemble de l’économie. Dans le cadre d’une politique monétaire expansionniste, le taux d’intérêt baissera ; il y a donc une réduction du coût du capital, une croissance des dépenses d’investissement et, avec le mécanisme du multiplicateur d’investissement, un accroissement de la demande globale et de la production. Dans ce modèle, seule la courbeLM évolue puisque le taux d’intérêt influence la demande de monnaie pour le biais du motif de spéculation. L’augmentation de l’offre de monnaie entraîne une baisse du taux et une croissance de la production. Certains théoriciens sortent du cadre de l’information symétrique et développent une analyse des canaux dans le cadre d’informations asymétriques sur les marchés des capitaux et des…