Emmanuel Kant est un philosophe allemand du XVIII siècle notamment connu pour ses réflexions sur nos devoirs en tant qu’êtres dotés de raison et sur la Loi Morale. Dans ce texte extrait desFondements de la Métaphysique des Mœurs, Kant traite du devoir de toute personne d’être bienveillant aussi souvent que possible, mais fait apparaitre une condition nécessaire pour « mérit[é] » le « respect »du à ces actes.
Partie 1 :
Kant admet que la bienfaisance fait parti du devoir de tout homme, on se doit de faire un acte charitable dès que possible.
Être bienfaisant, quand on le peut, est undevoir, et de plus il y a de certaines âmes si portées à la sympathie, que même sans un autre motif de vanité ou d’intérêt elles éprouvent une satisfaction intime à répandre la joie autour d’elles etqu’elles peuvent jouir du contentement d’autrui en tant qu’il est leur œuvre.
Mais je prétends que dans ce cas une telle action, si conforme au devoir, si aimable qu’elle soit, n’a pas cependant devaleur morale véritable, qu’elle va de pair avec d’autres inclinations, avec l’ambition par exemple qui, lorsqu’elle tombe heureusement sur ce qui est réellement en accord avec l’intérêt public et ledevoir, sur ce qui par conséquent est honorable, mérite louange et encouragement, mais non respect ; car il manque à la maxime la valeur morale, c’est-à-dire que ces actions soient faites, non parinclination, mais par devoir.
Supposez donc que l’âme de ce philanthrope soit assombrie par un de ces chagrins personnels qui étouffent toute sympathie pour le sort d’autrui, qu’il ait toujours encore lepouvoir de faire du bien à d’autres malheureux, mais qu’il ne soit pas touché de l’infortune des autres, étant trop absorbé par la sienne propre, et que, dans ces conditions, tandis qu’aucuneinclination ne l’y pousse plus, il s’arrache néanmoins cette insensibilité mortelle et qu’il agisse, sans que ce soit sous l’influence d’une inclination, uniquement par devoir, alors seulement son action a…