C’est probablement l’œuvre la plus célèbre du dramaturge irlandais, et de nombreux livres et articles ont tenté de découvrir qui était Godot. L’une des tentatives d’explicationsrécurrentes est que Godot serait le mélange du mot anglais « God- » (Dieu) et d’un suffixe français populaire « -ot ». Cette explication donnerait une dimension métaphysique à lapièce : les deux personnages attendent l’arrivée d’une figure transcendante pour les sauver, mais elle ne vient jamais.
Beckett a toujours refusé cette interprétation : « Si j’avaisvoulu faire entendre cela, je l’aurais appelé Dieu, pas Godot ». Il a lui même montré qu’il y avait une pluralité d’interprétations possibles : « Du reste il existe une rue Godot, uncoureur cycliste appelé Godot ; comme vous voyez les possibilités sont presque infinies ». Quand Roger Blin lui demanda qui ou ce que Godot représentait, Beckett répondit que cenom lui était venu par association avec les termes d’argot « godillot, godasse », les pieds jouant un rôle prépondérant dans la pièce[1]. Il affirma également n’avoir lu Le Faiseur deBalzac[5], où les personnages attendent la venue d’un « Monsieur Godeau » pour les sauver de la ruine, qu’après avoir écrit Godot[1].
Beckett précise aussi en janvier 1952 dansune lettre à Michel Polac :
« Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. […] Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas,surtout pas, s’il existe. […] Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suisincapable d’en voir l’intérêt. Mais ce doit être possible. »
Beckett parle également du fait que Godot, à l’instar de Dieu, provient de godasse, godillot, en rapport même avec Estragon.