Ecrit d’invention / Essai
Ulrick et Maximilien sont deux hommes qui débattent sur le thème du théâtre lors d’une conférence de presse. L’un deux, Ulrick, qui est âgé d’une soixantaine d’années,est favorable à un théâtre avec une mise en scène selon les règles qu’a installé Boileau, en même temps que celle de la poésie. Au contraire, Maximilien, lui, bafoue toutes les règles, estimantqu’elles ne sont pas nécessaires pour faire et présenter une bonne pièce.
ULRICK : (Haussant le ton) Vous n’allez pas dire que sans la règle de bienséance, la tragédie serait ce qu’elle fut et ce qu’elleest dans les pièces respectant celle-ci ?!
MAXIMILIEN : A dire vrai, je pense que si. Prenons l’exemple du théâtre dans le fauteuil d’Alfred de Musset ; peut importe les mœurs, s’il y a des morts,du sexe ou de la violence ; cela ne change rien à la valeur de la pièce qu’il a écrit ; car ; (Articulant bien) il ne faut que la lire !
ULRICK : Très bien, je veux bien vous donner raison sur cepoint ; mais ne vous habituez pas à cela. Cependant, en ce qui concerne le principe de plaire et toucher ; ou inter nos, nous pouvons en parler de Placere et Docere ; qui est notre but à tous.MAXIMILIEN : (Amusé) Oh ! Je vois bien que Monsieur joue les grands hommes par son grand âge et par ce que celui-ci lui a donné d’expériences, et que cela lui plait de parler la langue morte. Mais je vousrépondrez bien poliment que le théâtre moderne plait davantage que celui de Corneille, et que même les plus grands comme Molière plaisaient, malgré son manque de respect de la règle des trois unités.ULRICK : (Légèrement vexé) Eh bien mon cher ! Voilà bien de grands mots pour un jeune metteur en scène qui ne connait pas le métier comme moi je le connais. Le bon homme assimile Corneille auxœuvres nouvelles ; alors qu’il n’y a point de ressemblance. Vos dramaturges étudient-ils les mœurs et passions des êtres vivants comme nous le faisions avant, lorsque les règles étaient respectées ?!…