Explication linéaire incipit un balcon en forêt gracq

En 1958, Julien Gracq publie Un Balcon en Forêt. Le roman se présente comme un récit de guerre narrant les premiers mois de ce qu’on pourrait appeler « la drôle de guerre », notamment dans l’attente qui caractérisa la situation des soldats en 1939. Nous sommes ici dans l’incipit. Lecture. L’extrait est composé de deux mouvements qui s’opposent, le second commençant à « Pourtant la laideur ne selaissait pas complètement oublier ». Nous pouvons nous demander dans quelle mesure le texte annonce une poétique propre à un Balcon en forêt? Dans une première partie, nous observerons l’aspect onirique du texte, l’appel de la nature et dans une seconde partie, nous analyserons la réalité de la guerre froide et son caractère désenchanté.
Tout d’abord, on voit que Gracq utilise un temps passépour son récit. Le plus que parfait et l’imparfait rallongent l’action et les descriptions leur intimant une durée propre à créer un parallèle dans l’œuvre avec le temps d’attente du commencement de la guerre.
Ville : « faubourgs » et « fumées ». 2 mots commençants par une fricative renforcent impression de fatigue, de lassitude liée à la ville. On sent que s’éloigner de la ville est positif.S’éloigner de la ville —ca devient moins laid. Les « : » semblent introduire aussi la causale suivante : c’est parce qu’il n’y a plus aucune maison en vue que la laideur se dissipe. Effet de clôture engendré par les assonances sifflantes qui ouvrent la proposition et la ferme, lui donnant plus d’objectivité qu’elle n’en a. En clair : La disparition des traces de l’existence de l’homme est positive.D’ailleurs on pourra lire : « Le train était vide » : brève phrase : marque importance. « Vide » : solitude et intimité. Plus loin, on pourra lire « Ces solitudes » : lieux désertiques qui semblent positifs. Cela présente tout à fait ce qui est présent à travers de l’œuvre : l’intimité, l’intériorité du personnage le plus souvent dans la solitude. Il semble à travers le texte donc que l’introduction danscet espace naturel soit très positif pour Grange : « Lui lavait le visage quand il passait la tête par la portière » : C’est pour évoquer un sentiment de bien être, de bonheur, de joie de vivre. On respire. Ce bien être est souligné par le champ lexical de la lumière amorcé. Ensuite la lumière (étincelant, lumière dorée) avec l’enfoncement dans la forêt (s’enfonçait, approfondie). Comme si lesarbres (les trembles) prenaient les propriétés de cette lumière dorée. On nous dit « étincelante de trembles ». Les arbres rendent la vallée étincelante. On comprend ensuite avec « forets jaunes » plus bas que c‘est en fait par ce qu’en cette période de l’année les arbres arrêtent de produire la chlorophylle, ils sont donc jaunes. Donc ca traduit une fascination du personnage. Cet espace naturelprovoque donc un émerveillement chez Grange. Ainsi, on comprend mieux l’utilisation de « Falaises chevelues » : personnification, la forêt vit et respire, ainsi que de « Pelouse anglaise » et « ruban », on pourrait se dire que ca fait référence aux humains mais en fait ce qu’il faut garder comme évocation c’est le coté distingué et minutieux. On exprime ici l’harmonie de Grange dans cet univers et uneharmonie du paysage. D’où la référence au domaine d’Arnheim. Dans la nouvelle d’Edgard Po, on nous parle d’un jardin-paysage qui (à défaut de la nature) serait en complète harmonie. Ici, le paysage est magnifique, la végétation luxuriante. Cette référence en début d’un texte fait penser à une sorte d’emblème. Arnheim ressemble à Arnhem : la ville d’Arnhem peut aussi servir à l’évocation de laguerre, puisque c’est une ville qui a fortement subit la seconde guerre mondiale. En effet, dans les faits historiques, les Allemands avant d’arriver jusqu’à la Meuse sont passés par Arnhem.
Grange est annoncé dès la première phrase, il est nommé « aspirant Grange » (donc un lieutenant qui attend une promotion pour devenir officier). C’est un point sur lequel l’auteur insiste puisqu’il…