AOUICHAT Laëtitia
Fiche N°3 : lecture de l’œuvre de Maurice Agulhon – Causes de 1848 Lundi 15 décembre
Maurice Agulhon, 1848 ou l’apprentissage de la république 1848-1852, Editions du Seuil, Paris, 1973, 249 pages.
La IIe République (1848-1851) lègue un vaste héritage qui influencera les prochaines Républiques, régimes auxquels nous sommes aujourd’hui accoutumés. Nous lui devons, entreautres, le suffrage universel (masculin), le parti Républicain, un certain éveil de conscience du peuple qui se politise et échange par divers moyens (presse, associations, clubs) ou encore l’importance de la justice, du droit et de la laïcité. Malgré son échec, il semble donc nécessaire de comprendre cette révolution de 1848 dont l’histoire « est encore actuelle, aussi, par ce côté de laboratoire »1comme le conclut Maurice Agulhon dans l’ouvrage synthétique dont il est question dans cette fiche : 1848 ou l’apprentissage de la république 1848-1852. Maurice Agulhon (Uzès 1926-…), historien spécialiste de l’histoire des mentalités et de la France des XIXe et XXe siècle, normalien en 1946 et agrégé en 1950, est attaché au CNRS de 1954 à 1957. Sous la direction d’Ernest Labrousse, il commence sathèse Un mouvement populaire au temps de 1848. Histoire des populations du Var dans la première moitié du XIXe siècle qui sera soutenue en 1969 à la Sorbonne qui sera publiée sous la forme de trois livres2. La même année, il devient Professeur élu à l’université d’Aix-en-Provence. Et à partir de 1972, il prend la place de Louis Giraud la Sorbonne, où il enseignera jusqu’en 1986, date de sonélection au Collège de France. Éminemment républicain, il devient Président de la Société d’histoire de la Révolution de 18483. Il inaugure aussi un nouvel espace de recherche au moyen de l’imagerie et de la symbolique républicaines (Cf. Marianne au combat, L’imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Paris, Flammarion, 1979, 251 pages ; Marianne au pouvoir, L’imagerie et la symboliquerépublicaines de 1880 à 1914, Paris, Flammarion, 1989, 450 pages ; les Métamorphoses de Marianne, L’imagerie et la symbolique républicaines de 1914 à nos jours, Paris, Flammarion, 2001, 320 pages). En 1998, il est décoré Officier de la Légion d’Honneur. Par conséquent, il semble que Maurice Agulhon puisse éclairer le lecteur, l’historien sur la Révolution de 1848 qu’il a longuement étudié. Etnotamment, sur ses causes, à travers deux épisodes, deux insurrections parisiennes de cette période : la Révolution Française de 1848 des 23, 24 et 25 février (I) et les « journées de juin » du 22 au 26 juin 1848 (II).
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Maurice Agulhon, 1848 ou l’apprentissage de la république 1848-1852, Editions du Seuil, Paris, 1973, page 234. * Une ville ouvrière au temps du socialisme utopique. Toulon de 1815à 1851, Paris-La Haye, Mouton, 1970, 368 pages. * La République au village, Paris, Plon, 1970, 543 pages (réédition avec une préface, Seuil, 1979). * La Vie sociale en Provence intérieure au lendemain de la Révolution, Paris, Clavreuil, 1971, 534 pages. 3 => Selon la biographie du Collège de France : http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/ins_pro/maurice_agulhon.htm
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I- LaRévolution Française de 1848 des 23, 24 et 25 février – Naissance de la IIe République * Causes politiques
Après l’épisode de la Terreur de 1793-1794, les républicains, au cours des régimes suivants, sont affaiblis. République devient synonyme plus de sang que d’idéal démocratique et social. Néanmoins, pendant la Restauration (1814-1830) et de la Monarchie de Juillet (1839-1848), l’idée républicaine gagnedu terrain et de l’influence. Selon Maurice Agulhon, « cette obscure progression de l’idée républicaine […] est la première des causes politiques de la Révolution de 1848 ». Effectivement, les républicains parviennent à s’exprimer « dans les associations, telles que les loges maçonniques, les sociétés secrètes, ou même les simples cercles » et on ainsi pu convaincre « d’autres amis de la…