Fin de partie: les rapports hamm et clov + les objets dans l’oeuvre.

I « Quels rapports entretiennent Hamm et Clov? »
II « Place et rôle des objets »

Ecrit après la seconde guerre mondiale, Fin de partie s’inscrit dans le mouvement littéraire anti-conventionnel de l’absurde. Dans sa pièce de théâtre Beckett nous présente une humanité diminuée derrière deux personnages aux relations aussi ambigües que l’homme. D’où une question qui s’impose d’elle même: « Quelsrapports entretiennent Hamm et Clov? » Pour y répondre nous allons analyser leur relation fonctionnant à priori sur un mode Maître/Domestique, et dans un deuxième temps l’interdépendance qui les uni.

Dés le début de la pièce le spectateur peut voir au milieu de la scène, bien au centre, une forme cachée derrière un drap blanc, que Clov enlèvera en bon domestique pour découvrir Hamm, assis telun roi déchu sur une chaise roulante bien au centre de la pièce. La relation maître esclave se voit dans la position scénique (Clov debout qui coure dans tous les sens) mais aussi dans les paroles: c’est hamm qui donne les ordres, utilisant des impératifs: « Prépare moi »; « Va chercher de drap. »; « assez! », et pour incarner son rôle de maître un sifflet est pendu autour de son cou, qu’ilutilisera à la fin pour appeler un Clov qui ne viendra jamais…
La relation des deux personnages est plus compliquée que celle, classique, du maître et du domestique, car ici le domestique semble être un fils adopté, car Hamm raconte qu’un homme affamé a frappé à sa porte accompagné de son fils moribond, et qu’il lui aurait demandé de garder et soigner son fils. Or cette histoire père fils mêlée àune relation d’esclave rappelle une autre histoire, qui part du nom même de Hamm, qui ressemble à s’y méprendre au nom de « Cham », Fils d’un Noé furieux qui l’aurait maudit, lui prédisant que sa progéniture sera esclave. Or Clov, dans sa manière de répondre à tous les ordres de Hamm s’apparente de près à un esclave, son nom même le prouve: Clov, très proche visuellement du mot « clou », s’accordeparfaitement dans cette relation avec Hamm, diminutif anglais de « Hammer », un marteau assénant au clou des ordres parfois vindicatifs… qui ne seront d’ailleurs pas toujours exécutés.
Pour complexifier d’avantage cette relation Clov est loin d’être un servile domestique comme on le voit souvent dans les pièces plus classiques, il résiste à son maître, comme lorsque Hamm lui ordonne à plusieursreprises de le préparer et que Clov ne bouge pas. De même, comme vu plus haut Clov ne répondra pas au coup de sifflet donné par Hamm à la fin. Serait-ce son statut de fils qui le lui permet? L’ambigüité de ce statut laisse supposer que ce n’est pas le cas… Mais alors, quel autre élément entre en compte dans leur relation?

Leur relation est pour le moins originale car tout en étantdomestique il n’est pas inférieur à Hamm, car il peut marcher! Hamm est donc totalement dépendant de Clov, ce qui se voit parfaitement quand il lui demande de bouger son fauteuil, chose qu’il est incapable de faire. De plus Clov peut s’écarter de lui sans qu’il s’en aperçoive, puisqu’il est aveugle. Hamm est donc totalement dépendant de Clov, sans qui il serait même incapable de se nourrir, c’est Clov quile maintient en vie, mais alors pourquoi ne part il pas?
La raison est simple, Clov est lui aussi dépendant de Hamm, nous avons à faire ici à une relation d’interdépendance car quand Hamm demande à Clov « Pourquoi ne me tues tu pas? », Clov répond qu’il ne connait pas la combinaison du buffet. Sans Hamm, Clov aussi semble condamné, pourtant il semble n’attendre que ça: « Si je pouvais le tuer,je mourrais content. »

Pour conclure la relation Hamm-Clov n’est pas dénuée d’ambigüités, Hamm traite Clov, pourtant son fils adoptif, comme un domestique, comme le prouvent son sifflet, l’interprétation des sifflets et sa position scénique, parce que ou alors qu’il est handicapé! Il est donc totalement dépendant de Clov, il ne devrait pas le traiter trop violemment par conséquent, mais il…