Objet d’étude: Réécritures Série L
TEXTES:
Texte A : Molière, Dom Juan (première représentation le 15 février 1665), Acte V, extrait de la scène 5 et scène 6..
Texte B: Chartes Baudelaire, “Don Juan aux Enfers”, Les Fleurs du Mal, 1857,
Texte C: Jules Barbey d’Aurevilly, “Le plus bel amour de Don Juan”, Les Diaboliques, 1874.
Texte D : Guy de Maupassant, Mont-Oriol, 1887.
Annexe :Michel Tournier, “Le miroir des idées”, Extrait de Don Juan et Casanova,
TEXTE A: Molière, Dom Juan, 1665.
Scène 5- Don Juan, Sganarelle, un spectre
Visitant le tombeau du Commandeur qu’il a tué en duel, Don Juan se moque du monument, en particulier de sa statue “en habit d’empereur romain “. Par dérision, il invite la statue à venir partager son souper avec lui, mais la statue répondeffectivement à l’invitation et invite à son tour Don Juan pour le lendemain. Juste avant l’apparition de la statue, un spectre se manifeste et annonce à Don Juan qu’il est perdu s’il ne se repent pas.
Don Juan : Non, non, rien n’est capable de m’imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec mon épée si c’est un corps ou un esprit.
(Le spectre s’envole dans le temps que Don Juan le veut frapper.)Sganarelle : Ah ! Monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.
Don Juan. : Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir. Allons, suis-moi.
Scène 6- La statue, Don Juan, Sganarelle
La statue : Arrêtez, Don Juan: vous m’avez hier donné parole de venir manger avec moi.
Don Juan : Oui. Où faut-il aller?
La statue :Donnez-moi la main.
Don Juan : La voilà.
La statue : Don Juan,, l’endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l’on renvoie ouvrent un c à sa foudre.
Don Juan. : O Ciel que sens-je? un feu invisible me brûle, je n’en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent. Ah!
(Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands. éclairs sur Don Juan; la terre s’ouvre etl’abîme1 ; et il sort de grands feux de l’endroit où il est tombé.)
Sganarelle. : Ah ! mes gages mes gages 2! Voilà par sa mort un chacun satisfait. Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content ; il n’y a que moi seul de malheureux, qui, après tant d’années de service, n’ai point d’autrerécompense que de voir à mes yeux l’impiété de mon maître punie par le plus épouvantable châtiment du monde. Mes gages ! mes gages! mes gages!
1 “l’abîme” : l’engloutit.
2 – “mes gages” : mon salaire.
TEXTE B : Charles Baudelaire, Don Juan aux Enfers, Les Fleurs du Mal , 1857
Quand Don Juan descendit vers l’onde souterraine
Et lorsqu’il eut donné son obole à Charon
Un sombre mendiant,l’oeil fier comme Antisthène
D’un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous lesmorts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire
Près de l’époux perfide et qui fùt son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir,(5)
Mais le calme héros, courbésur sa rapière
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.
1 – Dans le mythe antique, Charon est celui qui transporte les morts dans le monde des Enfers: les morts doivent lui donner
une “obole”, c’est-à-dire Une pièce de monnaie. Normalement, c’est Charon lui-même qui conduit la barque.
2 – Anfisthène était un philosophe de l’antiquité pour lui, l’homme libre est celui qui a su…