Freakonomics, que l’on pourrait traduire par « L’économie saugrenue », est le livre d’économie le plus lu aux États-Unis et a été publié en France en 2006.
Publié en 2005 suite au succès d’un article du New York Times, Levitt, en collaboration avec un journaliste, développe plusieurs thèmes liant vie sociale et comportement économique. Steven Levitt travaille à partir de données statistiquesgrâce auxquelles il cherche à expliquer les comportements de l’individu dans la société. Son idée est que l’économie « consiste à distinguer corrélation et causalité ». Il dresse des parallèles étonnants, volontiers provocants, pour mieux comprendre certaines tendances économiques (comme le rapport existant entre instituteurs et lutteurs de sumo ou encore les membres du Ku Klux Klan et les agentsimmobiliers). Entre autres exemples, il tente de démontrer :
* Que ce n’est pas forcément parce que la mise en place par Rudolph Giuliani d’une politique de tolérance zéro a été suivie par une baisse de la criminalité à New York que l’un est la cause de l’autre. Selon Levitt il s’agirait plutôt de la conséquence inattendue de la mise en place de l’arrêt Roe v. Wade en 1973, qui légalisal’avortement vingt ans plus tôt et permit à une « génération de criminels en puissance », issue de milieux très défavorisés, dont la naissance n’était pas désirée, et dont les parents n’avaient pas les moyens de s’offrir un avortement clandestin, de ne pas naître. Cette thèse centrale dans le livre, développée par Levitt en 2001, avait à l’époque causé de très vives polémiques tant du côté des milieuxconservateurs (justification de l’avortement comme arme de lutte anti-crime) que démocrates (stigmatisation des mères afro-américaines) ou encore économistes (questionnement de la méthode Levitt)
* Qu’un agent immobilier ne vend pas une maison au meilleur prix pour le vendeur (pour avoir une commission plus importante), mais au prix qui lui apporte le meilleur rapport « quantité de travailfourni/commission finale » (les agents immobiliers américains gardent, de fait, leur propre maison sur le marché en moyenne 10 jours de plus pour obtenir un prix 3% supérieur).
* Que si la plupart des dealers de drogue des gangs américains habitent encore chez leur maman, c’est que la structure des gangs favorise uniquement le sommet de la pyramide, les nombreux « fantassins » (nombreux et prêts àsupporter de mauvaises conditions dans l’espoir de monter les échelons) se partageant le danger pour un salaire horaire final inférieur au salaire minimal d’activités autrement plus légales. Il note à ce titre que les dealers vieillissants (et encore en liberté et en vie) quittent cette activité pour un emploi plus standard dès qu’ils doivent subvenir aux besoins de leur famille.
* Que les enfantsauxquels on a donné un prénom « typiquement noir » (Imani, Ebony, Shanice, etc. pour les filles, DeShawn, DeAndre, Marquis, etc. pour les garçons) ont un avenir économique et social beaucoup plus désavantagé que ceux portant un prénom « typiquement blanc » (Molly, Amy, Claire, etc. pour les filles, Jake, Connor, Tanner, etc. pour les garçons). Par exemple, les expériences de testing à l’embauchemontrent que les candidats à « prénoms blancs » reçoivent plus de réponses des employeurs potentiels que les candidats à « prénoms noirs ». Mais les enfants ayant un prénom « typiquement noir » tendent à avoir une mère non mariée, pauvre, sans éducation, vivant dans un quartier pauvre et … ayant elle-même un prénom typiquement noir. Si un prénom « typiquement noir » tend à être associé à un deveniréconomique et social désavantagé, c’est ainsi beaucoup plus comme un indicateur que comme une cause.
En réalité, Steven Levitt croise une étude rigoureuse des faits et une dose d’intuition et de bon sens, en oubliant néanmoins tout préjugé : « L’économie n’est pas idéologique. Elle n’est pas politique. Elle n’a rien à voir avec le politiquement correct. Vous devez simplement aller où vous…