Sigmund Freud naît le 6 mai 1856 à Freiberg en Moravie, dans l’Empire austro-hongrois. Les antécédents familiaux des Freud, famille originaire de Galicie[B 1] sont cependant peu connus[D 1]. Troisième fils de Kalamon Jakob Freud, modeste négociant, certainement marchand de laine[D 2] et d’Amalia Nathanson (1836-1931), il est le premier enfant de son dernier mariage[Notes 1]. Freud est l’aîné desa fratrie, composée de cinq sœurs (Anna, Rosa, Mitzi, Dolfi et Paula) et d’un frère, Alexander[B 2].
La maison natale de Freud, à P?íbor.
Selon Henri F. Ellenberger, « la vie de Freud offre l’exemple d’une ascension sociale progressive depuis la classe moyenne inférieure jusqu’à la plus haute bourgeoisie »[D 3]. La famille Freud suit ainsi la tendance à l’assimilation qui est celle de laplupart des Juifs de Vienne[D 4] ; en effet le jeune Sigmund n’est pas élevé dans le strict respect de l’orthodoxie juive. Bien que circoncis à la naissance, son éducation n’est pas traditionaliste et est ouverte à la philosophie des Lumières. Il ne parle que l’allemand et un dialecte mêlé d’hébreu alors couramment employé dans la communauté sépharade de Vienne[D 5] mais la langue sacrée du Judaïsmelui demeure inconnue.
Il passe à Freiberg ses trois premières années puis les Freud s’installent à Leipzig pour s’établir définitivement en février 1860 ensuite dans le quartier juif de Vienne, ancien ghetto de la capitale autrichienne. Freud y réside jusqu’à son exil forcé, après l’invasion nazie de 1938[D 6]. De 1860 à 1865, son père change toutefois à plusieurs reprises d’appartements, pours’installer enfin dans la Pfeffergasse, dans le quartier juif de Leopoldstadt[D 7].
Le jeune Sigmund fréquente les écoles élémentaires juives du voisinage, puis, de 1866 à 1873, l’école secondaire. Brillant élève, il est le premier de sa classe pendant ses sept dernières années de scolarité secondaire au lycée communal (Sperlgymnasium). Il a pour professeurs le naturaliste Alois Pokorny,l’historien Annaka et le politicien Victor von Kraus[D 8]. À l’âge de 8 ans, Freud lit Shakespeare, Homère, Schiller ou Goethe[B 3],[A 1]. Il apprend également l’espagnol, certainement aux côtés d’Eduard Silberstein, son ami d’enfance, et avec qui il entretient par la suite une riche correspondance. Freud quitte le lycée en été 1873 et il se montre intéressé par la carrière de zoologue. C’est en effet lalecture par Carl Brühl d’un poème intitulé Nature, attribué à Goethe, lors d’une conférence publique[D 9] qui le fait opter pour cette carrière. Cependant, il choisit la médecine[B 4] et commence ses études à la rentrée d’hiver 1873. Il se passionne pour la biologie darwinienne qui sert de modèle à tous ses travaux[9].
Il obtient son diplôme le 31 mars 1881, soit huit années après son entrée àl’université, au lieu des cinq attendues. La raison est que le jeune Freud profite de sa liberté académique en tant qu’étudiant de l’Université de Vienne pour effectuer deux séjours durant l’année 1876 dans la station de zoologie marine expérimentale de Trieste, sous la responsabilité de Carl Claus[C 1], puis pour travailler de 1876 à 1882 auprès d’Ernst Wilhelm von Brücke[B 5], dont les théoriesrigoureusement physiologiques l’influencent beaucoup[D 10]. À l’institut de Brücke (le Physiologisches Institut), où il entre en octobre 1876, en qualité de jeune physiologiste-assistant, Freud fait la connaissance des docteurs Sigmund Exner et de Fleischl von Marxow, et surtout du docteur Joseph Breuer, « collègue stimulant » pour lui et qui aiguise sa curiosité avec le cas d’une jeune hystériqueconnue plus tard sous le pseudonyme d’Anna O.[D 11]. Chez Ernst Brücke, Freud concentre ses travaux sur deux domaines à l’importance reconnue peu après : les neurones (dont certaines assertions sont reprises dans « Esquisse d’une psychologie scientifique »)[C 2] et la cocaïne[B 6]. Selon Alain de Mijolla, Freud découvre à ce moment les théories positivistes d’Emil du Bois-Reymond, dont il…