Depuis les années 90, les sites de rencontres communautaires ou spécialisés, se sont multipliés dans l’hexagone. Les internautes semblent rechercher de plus en plus quelqu’un qui leur ressemble, dontils ont le sentiment qu’il partage leurs valeurs. Les rencontres musulmanes, juives, chrétiennes ou simplement séniors ou célibataires, ont segmenté le marché de la rencontre sur Internet.
Celaveut-il dire que l’on s’oriente sur la recherche de l’autre par des considérations identitaires et nationales ou religieuses ? Que les qualités humaines, le caractère sont moins importants qu’une mêmeappartenance religieuse ou identitaire ? Dans son livre Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, Dominique Wolton, directeur du Laboratoire communication et politique du CNRS, nousrappelle que la communication humaine n’est pas réductible à des techniques et qu’elle suppose des valeurs communes, avec le risque que la médiatisation accroisse l’individualisme et les relations àla carte.
Faut-il y voir un repli de l’idéal républicain et la faillite de l’identité nationale ou d’abord le fait que les sites généralistes ne gomment pas les barrières sociales ? La segmentationet la spécialisation des sites de rencontres français n’ont pourtant aucunes communes mesures avec les « dérives » constatées outre-Atlantique. Pendant les dernières élections américaines, les sitesde rencontres républicaines ou démocrates proposaient à leurs adhérents des rencontres sur la base de mêmes affinités politiques. Créé au Danemark puis implanté aux USA, Beauty people s’adresse auxgens beaux, riches et bien portants ; Datemypet s’adresse aux propriétaires d’animaux et Veggieate aux seuls végétariens.
Pourtant l’exemple de Shaadi, en Inde, va à contre courant de ces repliscommunautaires. Avec plus de 10 millions d’adhérents, Shaadi (mariage en hindi) propose sur un même site un choix de plusieurs langues et de plusieurs religions et se flatte d’être à l’origine de…