Histoire’geo

Faut-il changer la loi de 1905 ?
Devant les problèmes nouveaux que pose aujourd’hui l’application de la loi de 1905, en particulier concernant le culte musulman, plusieurs voix se sont prononcées pour sa révision. L’auteur qui n’y est pas favorable est convaincu que les difficultés d’ordre juridique peuvent être résolues dans le cadre de cette loi. Pour le reste, il défend l’enseignement desreligions, l’éducation du citoyen, et affirme que toute construction identitaire passe d’abord par la prise en compte des héritages et des valeurs qui ont fait la France, donc par la laïcité.

À quelques années du centenaire de la loi, plusieurs voix s’élevèrent pour souhaiter un toilettage, voire une révision de la loi de 1905. Ce furent, d’une part, certains courants de l’islam et, d’autre part,la Fédération protestante de France. La mise en cause la plus radicale vint de Jean Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France. Un très intéressant entretien de celui-ci avec Xavier Ternisien avait pour titre : “La loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État ne correspond plus à l’éclatement du paysage religieux”(1). Nous reviendrons sur les arguments avancés parle pasteur de Clermont dans la discussion des problèmes posés par la loi de 1905. Car fin 2002, la Fédération protestante de France publiait une brochure intitulée, Cultes, équité et laïcité : l’expérience protestante. Éléments d’évaluation de la loi de 1905 et propositions. Disons d’emblée que si les problèmes posés par ce document sont(2) réels, nous estimons qu’on pouvait les résoudre autrementqu’en militant pour une révision de la loi de 1905. D’autre part, en novembre 2003, lors de l’assemblée des évêques français à Lourdes, l’idée de demander, à l’occasion du centenaire, une révision de la loi de 1905 était écartée. Jean Marie Lustiger, cardinal et archevêque de Paris, déclarait : “Nous ne souhaitons pas une révision ni un toilettage de la loi de 1905.” Claude Dagens, évêqued’Angoulême, précisait : “La plupart des catholiques ont intériorisé la séparation des Églises et de l’État.” Et dès l’ouverture de l’assemblée, le 3 novembre, monseigneur Jean-Pierre Ricard, président de la conférence épiscopale, disait : “Nous ne sommes pas concernés par cette loi au même titre que ceux qui ont accepté les articles concernant les associations cultuelles.”(3) D’autre part, à l’automne 2003,une pétition au président de la République contre toute révision de la loi de 1905, et pour une commémoration digne de ce nom, recueillait de nombreuses signatures(4). L’initiative du président de la Fédération protestante ne faisait pas l’unanimité dans la mouvance protestante (Pierre-Patrick et JeanneHélène Kaltenbach, au nom de la Fédération protestante familiale, Jean

par Guy Coq, ancienprofesseur associé à l’IUFM de Versailles, agrégé de philosophie. A notamment publié : Laïcité et République (1995), Éloges de la culture scolaire (2003), La laïcité, principe universel (2005), les trois livres aux éditions du Félin.

1)- Le Monde, 24 septembre 2002. 2)- Diffusée par la Fédération protestante de France (FPF), 47, rue de Clichy, 75311 Paris Cedex 09.

3)- Citations relevées dansl’article de Xavier Ternisien Le Monde, novembre 2003. 4)- Voir le texte et la première liste de signatures dans notre livre, Laïcité et République, éditions du Félin, 2003.

Laïcité : les 100 ans d’une idée neuve – II. Culture(s), religion(s) et politique

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Baubérot avaient signé l’appel au président de la République). Au cours de l’année 2003, la question de savoir si l’on réviseraitou non la loi de 1905 donna lieu à une certaine cacophonie politique : deux ministres du gouvernement Raffarin prirent position pour la révision, Pierre Bédier et Jean-François Copé ; au Parti socialiste, Manuel Valls fit de même. Dans un éditorial remarqué, le journal Le Monde titrait : “Revoir la loi de 1905”. En 2004, un autre débat laïque commençait à faire la une des journaux : la…