Image et manipulation

Cette synthèse autour de l’image fixe a été réalisée à partir des travaux de Serge Tisseron, de Philippe Mérieux (Directeur de l’IUFM de Lyon), de Jean Piaget et de mes réflexions personnelles (Jean Louis L’Hostis, Professeur au lycée Marguerite de Valois, Angoulême).

Première idée : l’image contre le concept ? (Philippe Mérieux)

Dans l’histoire, l’image fut d’abord l’ennemie :« il faut conduire l’esprit au concept » (Platon), l’image peut être un obstacle à la conceptualisation.

Aujourd’hui, pour certains formateurs, il y a danger en raison de la place de plus en plus grande de l’image dans la vie des individus. L’élève reste dans l’image et ne va pas aller vers le concept (le zapping). Pour quelles raisons ? La lecture est immédiate, aisée, ludique,incomplète, elle favorise l’identification, l’affectivité.

Au 19è siècle et dans la plus grande partie du 20ème siècle, la domination de l’écrit était totale ; on considérait les langages comme des réalités autonomes susceptibles d’une description indépendante de toute autre considération. Cependant, l’école devait introduire l’image pour susciter de l’intérêt pour une école ouverte à de plus enplus d’élèves. Aujourd’hui, sa fonction thermostatique serait elle de rétablir l’équilibre dans l’autre sens ?

Cette conception de l’image ennemie n’a jamais pu s’imposer, puisque, même ceux qui s’en réclament, ne peuvent se passer d’image (les professeurs de lettres). Dans un environnement où l’image est présente en permanence, peut-on-on se passer de l’image ?

Deuxième idée :l’image « pieuse » (Philippe Mérieux)

Pour illustrer les livres, les éditeurs ajoutaient des images (enluminures : décorer les livres de lettrines, de miniatures), elles agrémentaient l’austérité des textes. Très vite, le maître s’est aperçu de l’attrait provoqué par les images des livres ; l’image prend une telle importance pour l’élève que d’enluminure, elle est, souvent, devenue icône (ausens large ; de l’image du Christ, de la Vierge et des Saints, elle a évoluée vers une représentation symbolique, réductrice et de parti pris).

Pour exploiter cet attrait qui semble favoriser l’apprentissage des concepts, l’image profite d’un traitement particulier pour maximiser son efficacité pédagogique.

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Appuyons nous de nouveau sur l’histoire de la Républiquepour argumenter. Pensez à la manière dont l’école de la République de Jules Ferry utilise les cartes de géographie.

Les cartes de géographie sont des images pieuses, des images au sein d’une religion, qui est une religion de la Nation. Observez même que la carte de géographie est toujours une image pieuse aujourd’hui : n’importe quel planisphère met l’Occident en haut et le Sud enbas, ce qui est bien évidemment une conception théologique du monde, en aucun cas géographique. Cela signifie que le ciel est dans l’Occident et l’enfer dans le Sud. Il n’y a pas de différence objective entre un planisphère affiché dans une classe et l’organisation d’une fresque dans une église, dans la structuration entre l’enfer, le purgatoire et le paradis. L’école fait une consommationconsidérable de ces images pieuses. J’évoquais le planisphère, mais on pourrait multiplier les exemples pour constater que l’image est souvent utilisée à l’édification morale (les bons points).
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Les images ont un pouvoir important qui sont de trois grands types : le pouvoir d’enveloppement, le pouvoir de transformation et le pouvoir de confusion.

Le pouvoird’enveloppement

Toute image se propose d’abord à nous comme un espace à habiter, à occuper ; parfois même comme une seconde peau que nous serions invités à habiter.

Les images sont des espaces dans lesquels nous avons le désir d’entrer, par exemple lorsque nous jouons à un jeu vidéo ou lorsque nous nous projetons mentalement dans un film que nous regardons. Dans ce cas l’image…