– Avez vous visité Souk Ahras, la région de votre père ?
Je n’ai jamais été à Souk Ahras. Je n’ai plus personne là-bas. La maison de mon père n’existe plus. Qu’est-ce que je vais voir là-bas ? Je vais aller pleurer ? Mais je garde un bout de terre de Souk Ahras avec moi. Mon père a tout fait pour que je reste algérienne malgré que je sois née à Paris. C’est lui. Il m’a rempli la tête del’Algérie. On ne doit jamais oublier ses origines. Mon algérianité est toujours présente. Même en Egypte, les gens le sentent quand je parle. Même quand je parle en dialecte égyptien, on le sent. La façon de parler et de penser les choses n’est pas égyptienne.
– Oui, le fait que Warda garde le nom d’El Djazaïria ne plaît pas…
Oh, s’il n’y avait que cela ! Aujourd’hui, il faut être Egyptienne pour êtreaimée. Mais, je sais qu’avec le grand public, je suis aimée, envers et contre tous. Les Egyptiens aiment découvrir leurs voix, leurs acteurs. Alors, quand il y a des Syriens qui commencent à produire des séries de qualité, les Egyptiens montrent leur jalousie.
– Il ya aussi toute cette campagne autour du match Égypte-Algérie pour le 14 novembre prochain…
Hablouni ! (Ils m’ont rendue folle).Je ne peux plus entendre ce qu’ils disent sur nous là-bas. Il est difficile de vivre en Egypte et d’entendre les attaques contre l’Algérie. J’ai peur d’éclater et de perdre mon public. Ce qui se dit est méchant. Je ne parle pas bien sûr pas de mes amis artistes. Je parle de ces gens qui me critiquent dans les journaux. Certains d’entre eux disent qu’ils nous ont donné la liberté, le développement,alors je leur dis : “que nous ont-ils donné d’autre” ? Donc, pour eux, les Algériens n’ont rien fait. Tout cela pour un match de football ! Le sport reste le sport. Ya rabbi ! Je suis un peu énervée. Que le meilleur gagne et qu’on en finisse ! On ne va pas se tuer pour le football quand même. On meurt en Palestine et en Irak et on va mourir encore pour un match de foot. Allez, changeons de sujet!
– Permettez-moi d’insister, comment justifiez-vous ces comportements ? Parfois, il y a de la haine dans les écrits…
Il y a de la haine cachée même dans les attitudes. Il n’y a pas de nuances dans les écrits et dans leur façon de parler. Ils disent, écrivent et répètent : “L’Egypte va battre l’Algérie”, “L’Egypte va battre l’Algérie”, à l’infini ! Je refuse ces écrits haineux…Si jeréponds, on va peut-être me chasser d’Egypte ! Il faudra que je vende ma maison en 24 heures. Je vais voir le match à la télévision à la maison !
– Par le passé, il y avait aussi d’autres campagnes contre vous. C’est visiblement cyclique…
Ce qui les embête, c’est que je reviens sous les lumières après une maladie. J’ai marqué un arrêt. Je suis revenue et mon public me demande toujours. N’oubliezpas que je suis vieille par rapport aux autres. Cela irrite un peu. Mais cela ne me gêne pas. Des campagne en Tunisie aussi… Là, c’est autre chose. Je ne comprends plus rien. J’ai fait un grand gala en Tunisie avec un public magnifique. Il y a de belles photos. J’ai tout donné (…). Je vous avoue que j’aimais la Tunisie. Les Tunisiens sont gentils, un peuple qui aime la vie, fêtard mais je nevais plus chanter dans ce pays. Dans le monde arabe, j’adore chanter au Liban. Les gens m’adorent dans ce pays. Peut-être que ma mère est Libanaise. Vous allez rigoler, mais j’aime chanter à Paris aussi. Les salles sont souvent remplies par des Maghrébins, je me sens un peu en Algérie là-bas. Mais cela fait longtemps que je n’ai pas chanté à Paris. Du moins, avant les opérations que j’ai subies.
-Dans la vie de Warda, il y a eu beaucoup de ruptures. Comment les avez-vous vécues ?
Des ruptures en raison de la maladie. La première rupture avec l’art, c’était après mon premier mariage. Je devais m’occuper des enfants. Mes autres ruptures pour raison médicales. Là, je me porte mieux. Je dois suivre un régime strict. Je ne dois pas manger de sel.
– Mais sur scène, Warda dégage de la…