Freud (1856-1939), fondateur de la psychanalyse, rejette l’idée de surnaturel et du sentiment religieux. Pour lui, la religion serait une névrose obsessionnelle collective qui découle de l’enfance et du complexe d’Œdipe. De plus, elle est un obstacle qu’il est nécessaire d’affronter afin d’arriver à une croissance et évolution saines. Il définit également la religion comme une illusion dérivéedes désirs humains face à l’angoisse terrestre qui nous habite. Elle cache en elle une détresse nostalgique infantile et un besoin d’être protégé et aimé par un père imaginaire ou quelconque force bienveillante. Nous constatons alors qu’un tel sentiment subjectif ne pouvant être prouvé scientifiquement est rejeté par Freud. D’un autre coté, William James (1842, 1910), considéré comme le père de lapsychologie de la religion, est convaincu des bienfaits de la religion. Grâce à elle, nous pouvons atteindre une certaine plénitude et paix intérieure. Il croit également au caractère saint de la religion qui peut nous mener vers une certaine vérité qui n’existe pas dans notre réalité terrestre. Il défend le droit de l’individu de croire malgré l’absence de preuves. « Raisonner sur la foi, c’estdétruire la foi. » Il pose la passion et la volonté comme base à toute foi ou expérience religieuses.
Si nous nous penchons sur une question religieuse telle que le mariage religieux, nous voyons à quel point la vision de ces deux penseurs diffère. En effet le mariage est un rite religieux présent dans la plupart des religions. Il symbolise un lien sacré entre l’homme et la femme, une union àvie que parfois seule la mort peut briser. Le mariage est au cœur de presque toutes les religions; le couple acquiert ainsi une certaine légitimité au niveau de la communauté religieuse et de la société à laquelle il appartient. Il permet également la bénédiction et l’acceptation du couple. Il est important de noter que le mariage est aussi célébré devant Dieu. La cérémonie de mariage est uneconfirmation devant Dieu et les hommes de l’engagement pris à vivre l’un pour l’autre. Les vœux réciproques de fidélité sont échangés devant tous et l’homme et la femme peuvent devenir une seule chair. Ce rituel peut s’exprimer de différentes façons dépendamment de la religion à laquelle appartiennent les individus. James, pour expliquer ce phénomène religieux « chercherait les expériences religieusesoriginales qui ont servi de modèle à ce sentiment religieux, cette pratique machinalement répétée. » La valeur spirituelle et morale du mariage est importante pour lui, ainsi que les bienfaits qui en découlent puisque pour lui, « on connait l’arbre à ses fruits, non à ses racines. » Pour Freud, d’un autre coté, le mariage est insatisfaisant pour faire taire la culpabilité inconsciente liée à lasexualité dans un couple. Il considère le mariage comme un « cérémonial névrotique » qui « signifie pour l’individu pieux l’autorisation de la jouissance sexuelle, qui sinon est un péché. »
En autre, pour James il serait important d’adhérer à un mariage religieux pour une vie de couple saine. Par exemple, le catholicisme considère que le corps est sacré, et que la vie humaine conjugale prendelle-même une dimension sacrée. La sexualité est alors dénudée de son caractère honteux et sale grâce à la sainteté et à l’amour. Pour l’islam, le mariage est la manière que Allah a choisie pour la reproduction, la multiplication et la continuité de la vie…De là, James soutiendrait qu’il est primordial se marier afin de fonder une famille. Les fruits de se mariages sont alors bons et respectueux. Lemariage éloigne aussi l’homme des autres créatures animales, ne le laissant pas guider par ses instincts sexuels qui laisserait la relation entre mâle et femelle dans un désordre et sans normes. Puisque les relations sexuelles à l’intérieur du mariage sont acceptées, le mariage calme le corps, débarrasse l’âme de son angoisse face a ce fort et violent instinct illicite. Le mariage crée également un…