Je mourrai pas gibier, guillaume géraud.

Couverture : un trop plein. L’état d’un homme, jeune, fusil à la main.
Première planche : une nature morte. Pas de celles qu’on admire dans les galeries. Non, nature, morte : un lièvre faméliquequ’on a tiré. Ici, on nait chasseur.
Le fond : un fait divers. Oublié dans la semaine suivante, après avoir fait peut-être un titre fracassant de JT (une tuerie, ça inspire toujours) et occupé unebonne place, allez, trois éditions durant, dans la presse locale.
Le contexte : un bled de province. Deux clans qui se foutent sur la gueule à la moindre occasion. Quand c’est marrant, ça s’appelle Lesrivaux de Painful Gulch. A Mortagne, ça s’appelle ceux qui bossent au Château Clément contre ceux qui bossent à la scierie Listrac. Toutes les occasions sont bonnes pour que la haine explose, quitteà frapper à l’aveugle à l’occasion. On appartient forcément à l’un ou l’autre camp. Sauf Terrence, le simple qui vit à l’écart dans la forêt, qu’on raille et sur lequel on crache. Et le narrateur, quia voulu aller voir ailleurs mais qui, plus que ses racines, a, comme les autres, les pieds pris dans le sol du « pays ».
Dernière planche : un saut qui, en d’autres circonstances, aurait fait figured’envol. Là, il accompagne la chute. Celle de l’histoire, mais pas seulement.
Rideau.

Le récit s’aborde comme une pelote qui dévoile d’abord son extrémité, avant de laisser se dérouler le fil desévénements, de manière chronologique. La construction, compacte, ne laisse pas de répit au lecteur et le prive de l’envie de remettre à plus tard la découverte des faits et surtout de leurenchainement. L’issue, il la connait puisqu’elle lui a été livrée d’entrée. Issue ? Le double sens du terme est trompeur : à l’image du personnage central, le spectateur n’en trouvera pas. Pris au piège, hantépar une voix off posée, méthodique, presque détachée, probablement monocorde, qui se veut objective pour livrer son exposé, il ira bien évidemment jusqu’au bout. Les dialogues, rares, n’illustrent…