On a tendance à considérer que nos sociétés modernes sont devenues « individualistes rationnelles », c’est-à-dire des sociétés où l’individu peut vivre et se représenter lemonde sans référence à la communauté qui l’entoure : que ce soit du point de vue de la vie privée et des choix de mode de vie, de la vie spirituelle (la religion seraitelle-même de plus en plus individualisée), ou du point de vue de la vie politique avec l’apparition d’un citoyenneté moderne individualiste. Si cette caractéristique tend àopposer nos sociétés à celles où l’existence n’a de sens que par la communauté à laquelle les hommes appartiennent : il semblerait évident que ce qui avait pour fonction defaire tenir ces sociétés, les récits sur l’origine, le sacré, les croyances et les mythes devraient être absents de nos sociétés. L’individualisme aurait du faire tomber lescroyances et les mythes si leur fonction n’étaient que d’assurer un « sens » à la communauté dans son ensemble.
Pourtant, ces modes de pensées n’ont pas disparu dessociétés rationnelles « modernes », qu’ils existent sous formes de traces ou sous de nouvelles formes. On remarque en effet que les mythes et les croyances populaires sont toujoursvivaces, par exemple, à travers le mythe du peuple, du sauveur, le mythe de la révolution et de la re-création des sociétésou même à travers le mythe de l’Etat.
Aussi, ceconstat nous mènera dans cette analyse à plusieurs questionnements. Si les mythes existent encore dans nos sociétés : peut-on continuer à opposer la pensée sauvage considéréecomme consubstantielle à la pensée mythique à la pensée moderne comme deux formes de pensées radicalement distinctes ?
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