La production du local

Le monde d’aujourd’hui est rythmé par la mise en place d’un réel processus de mondialisation qui touche tous les pays. Cependant, face à cette globalisation, les aires d’identification des individus se sont multipliées et l’État n’apparaît plus comme le principal maître d’œuvre de la construction identitaire.
L’actualité témoigne de cette diversification des stratégies identitaires desindividus et des groupes. De cette volonté de différenciation, naît un processus de production du local qui permet à chacun de se reconnaître dans une identité qui lui est propre. Pour appréhender ce mécanisme complexe, il apparaît indispensable de comprendre de quelle manière s’est construite cette identité, sa gestion et de concevoir la légitimité de son expression. Notre démarche consiste donc àdéfinir des unités d’appartenance territoriales et sociales en sélectionnant un certain nombre de traits référents identitaires qui renvoient à la volonté de se démarquer. Cette dynamique « identifiante » des villes s’affirme de plus en plus et correspond à des logiques de développement et de transformation de l’industrie touristique. Elle peut se voir au travers de la relance des manifestationsfolkloriques et des fêtes populaires, de l’élaboration de mythes locaux et de la mise en cohérence d’un répertoire de symboles culturels. Ces initiatives, souvent organisées au sein des villes et villages, conduisent à la mise en scène du patrimoine culturel. Dans un autre registre, les festivals internationaux, biennales et autres événements culturels ou festifs sont encouragés par les collectivitéset contribuent à produire un ensemble d’images pour représenter une « identité locale ».
En France, des nouvelles relations entre l’État et les instances locales se mettent progressivement en place. En effet, à la politique centralisée d’aménagement du territoire, succèdent peu à peu les stratégies décentralisées menées par les collectivités locales. Cette politique du local est donc renduenécessaire pour maintenir un certain niveau de croissance, compte tenu du retrait de l’État, d’une part, et des stratégies des grandes entreprises, d’autre part.
Fort de ces différents éléments, il serait intéressant d’étudier dans un premier temps les moyens mis en œuvre par la ville de Nice pour mener une politique originale de la production du local. Puis, nous analyserons quels sont leséléments-clefs déployés par la ville pour assurer sa promotion et son particularisme.

Nice, préfecture du département des Alpes-Maritimes, au cœur d’une aire urbaine de plus d’un million d’habitants, se place en cinquième position des villes françaises.
S’étendant entre mer et montagnes, elle bénéficie de nombreux atouts naturels, et cumule les avantages d’un site portuaire au climat méditerranéen; deplus, c’est une des principales places aéroportuaires d’Europe et elle possède tous les équipements d’une capitale régionale; enfin, c’est une vitrine des hautes technologies avec le site de Sophia-Antipolis. Ce sont tous ces atouts qui permettent à la ville de mettre en avant une forte identité locale qui est le fruit d’une histoire tourmentée et d’institutions longtemps autonomes.
C’est sur sonpropre passé que la ville va produire dans un premier temps « le local », source de sa différence par rapport aux autres villes .En effet, l’espace niçois possède ses caractéristiques propres, héritage d’une histoire longue et complexe qui aujourd’hui encore marque l’identité de la ville. A ces particularités historiques s’ajoutent le positionnement géographique: Nice et sa région constituant àla fois un débouché maritime important et un passage obligé au sud des Alpes. L’identité niçoise, animée par un peuple modeste et simple, s’est maintenue à travers son histoire, sa géographie, sa langue ou encore ses spécialités culinaires.
L’espace territorial joue un rôle important dans la définition des particularismes d’une cité dans la mesure où il renforce l’appartenance à un groupe…