1.3. Le modèle cognitif de la gouvernance
La vision contractuelle ignore pour l’essentiel la dynamique productive. Si le lien
entre les compétences et la rente organisationnelle est reconnu, laproblématique reste fondée
sur une conception statique et adaptative de l’efficience. La valeur est maximisée à un instant
donné, l’ensemble des opportunités d’investissement exogène est supposé connuau moins par
les dirigeants et le choix des investissements se fait selon l’analogie du choix au sein d’un
menu. Le problème principal reste la mise en place d’une répartition de la rentesuffisamment
incitative pour maximiser la création de valeur. Le processus proprement dit de création de
valeur n’est pas étudié.
Pour appréhender ce processus, il est nécessaire de faire appel aux théoriescognitives
de la firme. Contrairement aux théories contractuelles, qui peuvent s’interpréter comme des
prolongements du modèle économique néoclassique, ces théories, qui comprennent différentscourants : la théorie comportementale de la firme, la théorie évolutionniste, les théories de
l’apprentissage organisationnel et les théories des ressources et des compétences, rompent
radicalement avecce dernier. Elles rejettent, en particulier, l’hypothèse de rationalité
calculatoire, limitée ou non, au profit de celle de rationalité procédurale. La rationalité
s’apprécie sur la base, non plusdes conséquences des décisions, mais des processus
décisionnels.
Les théories cognitives reposent sur une vision radicalement différente du processus
de création de valeur dans la mesure où ellesconduisent à accorder une importance centrale à
la construction des compétences et aux capacités des firmes à innover, à créer leurs
opportunités d’investissement et à modifier leur environnement.Comme le précisent Langlois
et Foss (1999), les théories contractuelles en accordant un intérêt quasiment exclusif aux
conflits d’intérêts, à l’appropriation des rentes, ignorent la dimension…