L’art

Le tsunami silencieux du Pakistan : Pourquoi tant d’indifférence? par Chems Eddine Chitour

«Nous querellons les miséreux pour mieux nous dispenser de les plaindre.» Vauvenargues
Ayant eu à faire face aux pires inondations diluviennes de son existence, le peuple pakistanais se meurt en silence dans l’indifférence générale. L’importance des inondations de l’horreur est éloquente : oncomptabilise 1700 morts et des centaines de disparus, plus de 20 millions de sans-abri (soit 12% de la population), plus de 6 millions de personnes sans eau potable et sans nourriture. 7 millions d’enfants voient leur vie bouleversée par un sinistre sans précédent qui a dévasté leurs écoles et leurs villages, selon une estimation de l’Unicef. Perdus, orphelins ou malades, ce sont les victimes les plusvulnérables. Près de 3,5 millions d’enfants pakistanais sont exposés à un risque élevé de maladies liées à l’eau. Les flots boueux ont balayé des villages entiers et détruit de nombreuses infrastructures, laissant plus de 650.000 familles sans toit. Ni habits, ni nourriture, ni bétail, la vie tient du miracle…
Les inondations au Pakistan, «un tsunami au ralenti» a déclaré Ban Ki-moon. En effet, ondécouvre tous les jours de nouvelles horreurs qui, semble-t-il, sont uniques. Certains y voient les signes de perturbations climatiques majeures. Puisque dans le même temps, on pense que la canicule exceptionnelle et les incendies incontrôlables de la Russie ont fait évaporer des masses impressionnantes d’eau qui sont allées se déverser au Pakistan. Devant cette catastrophe, la communautéinternationale est restée globalement muette, mis à part les Etats-Unis. Il a fallu le déplacement de Ban Ki-moon qui s’était déclaré «bouleversé» par le sort des victimes pour que l’Assemblée générale de l’ONU se réunisse en séance extraordinaire, jeudi 19 août, pour accélérer l’effort d’aide humanitaire internationale au Pakistan, dont la livraison est critiquée pour sa lenteur. L’ONU avait lancé le 11août un appel de fonds pour l’aide d’urgence de 460 millions de dollars. Mercredi, seulement 54,5% de ces fonds avaient été effectivement débloqués. La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Ficr) a annoncé de son côté qu’elle allait plus que quadrupler son appel de fonds, désormais fixé à 57,2 millions d’euros.(1)
L’indifférence du monde
Nous allons faire le tour desdonations annoncées et tenter d’expliquer, à la fois l’annonce très tardive, la modestie des dons, pour mettre en évidence l’indifférence de la communauté internationale et tenter de l’expliquer. On apprend que la secrétaire d’Etat américaine a annoncé que Washington augmentait son aide à 150 millions de dollars, La Grande-Bretagne a annoncé le doublement de son aide, ajoutant 33 millions de livresaux 31 millions déjà alloués au Pakistan. L’envoyé spécial américain pour le Pakistan et l’Afghanistan, Richard Holbrooke, avait appelé la Chine à se joindre à l’effort. Le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, a indiqué que l’aide des «27», initialement de 110 millions de dollars, passait à 140 millions. Le Danemark tient une place à part : il est en effet le premier payscontributeur par tête, avec 10.738.152 dollars, soit 1,959 dollar par personne. Par comparaison, l’aide américaine représente seulement 0,32 dollar par tête. La France fait pâle figure, avec seulement 917.432 dollars versés et 458.716 dollars de promesses. Les Emirats arabes unis ont versé environ 1,5 million de dollars, un peu moins que la Chine, à 1,8 million de dollars. Le total des fondseffectivement récoltés approche 301 millions de dollars.(2)
«Islamabad a finalement accepté les 5 millions de dollars offerts par New Delhi. Celles-ci restent modestes et ne sont pas à la hauteur de la catastrophe, s’indigne un éditorialiste du journal The Hindu. « En tant que première puissance économique régionale, l’Inde aurait dû être la première à offrir de l’aide. Son offre de 5 millions de…