L’ART DE MANIER LE CISEAU
T? V?, pour rester en adéquation avec la demande de mon Sec? Sur?, je traiterais de l’art et de la manière de manier le ciseau, plutôt que du ciseau lui-même qui a du déjà faire couler beaucoup d’encre sur les planches des frères qui m’ont précédé. Je m’en tiendrais donc à un simple petit rappel sur cet outil, en vous décrivant sommairement le ciseau du tailleur depierre, ô combien important pour les apprentis dont je fais partie. De l’ancien français « Cisel », cet outil semble avoir été inventé en Egypte vers 1500 avant Jésus Christ. Il est généralement en acier et comporte une seule arête tranchante montée sur un manche court. On s’en sert pour enlever de la matière en le percutant avec un marteau ou un maillet. Par extension, ce mot désigne aussi la manièrede travailler … avoir le ciseau hardi ou avoir le ciseau délicat ou encore avoir le ciseau savant … ces expressions parlent d’elles-mêmes ! Il m’apparaît avisé de vous expliquer tout d’abord comment le « fil conducteur » aboutissant à ce travail a pu s’imposer à mon esprit. Autant mes planches précédentes avaient commencées par le « syndrome de la page blanche », autant ce sujet m’inspirait tantd’idées que je n’arrivais pas à les discipliner, et, oserais-je l’avouer … j’ai commis trois brouillons de piètre qualité avant de tomber sur une citation qui a tout déclenché en moi ! Devant un parterre de nobles qui s’extasiaient sur la façon dont Michel-Ange aboutissait à une œuvre … ce dernier déclara simplement : « J’ai vu un ange dans le marbre et j’ai seulement ciselé jusqu’à l’en libérer ! » Jecomprenais tout à coup que ma pierre polie existait … qu’elle était simplement enchâssée dans cette pierre brute et que mon travail consistait à la libérer en enlevant la matière inerte afin de la dégager de sa gangue. Cette pierre brute, je l’avais découverte le jour de mon initiation, quand le V? M? me fit mettre genoux à terre et outils en main ! Les trois coups de maillet sur le ciseau mefirent comprendre que j’étais la pierre, mais que je devais donner à cette pierre une forme acceptable en la débarrassant des parties grossières, des aspérités, éliminer le superflu, ne garder que l’essentiel afin qu’elle ait une forme acceptable pour s’insérer harmonieusement dans l’édifice du temple. Genoux à terre, je pensais que seule l’humilité m’aiderait dans mon travail ! Erreur ! Je m’aperçoisqu’il faut bien d’autres qualités … En premier lieu, la patience, mais aussi la douceur et la fermeté, sans oublier la persévérance nécessaire à la transformation de cette pierre brute. Mais je crois que par-dessus tout, il faut aussi une véritable ambition pour se vouloir un destin personnel et pour passer du «connais-toi toi-même» au «découvre à quoi tu sers».
Ma vie professionnelle deprofane m’ayant suffisamment accaparé pour ne laisser que très peu de temps pour réfléchir et me consacrer au travail philosophique personnel, j’espère par ces outils pouvoir me construire, rassembler ce qui est épars en moi, me comprendre et comprendre les autres, vivre, choisir et accepter plus facilement mon destin. L’art de manier le ciseau étant aussi important dans le monde opératif que dans lemonde spéculatif, j’avais pensé décliner séparément les deux univers afin d’en faire ressortir les similitudes et les différences. Puis au fil de mon travail et des évènements de ma vie, je me décidais à imbriquer ces deux univers. D’ailleurs, sous le vocable de « Guide », ma planche désignera aussi bien l’Artisan (opératif) que le Maître (spéculatif). En entretenant cette ambiguïté, vous aurez T? V?et vous tous mes chers FF?, la possibilité de démêler l’écheveau, si tant est que ce soit judicieux, et trouver votre juste salaire … En respectant une certaine chronologie, L’art de manier le ciseau c’est d’abord … Apprendre ! Dès son entrée dans un corps de métier, l’apprenti sait qu’il doit se former. Il appréhendera la technique et la pratique auprès des « Guides », charge à lui d’acquérir…