A priori, la première question qu’il faut se poser, c’est : que signifie, dans le domaine de l’expression artistique, le mot représentation ? A ceci, on peut trouver deux réponses : la premières’attache à la représentation en tant qu’imitation formelle de la réalité ; la seconde en tant qu’expression d’une pensée ou d’un sentiment, quels que soient les moyens techniques employés pour la réaliser.Selon qu’on considère l’une ou l’autre définition, la réponse à la question – l’art est-il toujours représentation – diffère.
En effet, si l’on part du principe qu’il s’agit d’une imagefondamentalement reconnaissable, soit une restitution formelle des traits de quelqu’un ou de quelque chose, alors seule une œuvre présentant un certain degré de réalisme pictural peut être qualifiée dereprésentation. Une toile de Marc Rothko serait donc quelque chose de différent. L’expression d’une expérience, par exemple, mais pas sa représentation. En soi, ce postulat à quelque chose d’absurde ; carpersonne ne saurait prétendre être parfaitement objectif et pouvoir définir les critères sur lesquels se baser pour différencier l’art représentatif de l’art non représentatif – à moins, je pense, de fairepreuve d’une certaine vanité, car s’il est facile de séparer une œuvre d’un réalisme extrême d’une autre parfaitement abstraite, il en est d’autres qui sont à une autre sorte de frontière. Ainsi,dans quelle catégorie faudrait-il classer l’impressionnisme ou le cubisme ?
En revanche, si l’on s’attache à la représentation en tant qu’expression non pas formelle mais instinctive, viscérale, d’unressenti ou d’une idée de l’artiste ; si l’on considère l’œuvre comme étant ce que l’artiste montre, soit une vision palpable, donc réelle, de sa pensée, alors il apparaît qu’on ne peut plus exclureun côté représentatif. C’est la représentation de l’idée dans le monde réel.
Il me paraît donc plus juste de considérer toute œuvre comme la représentation de quelque chose, sans s’attacher…