Le château de Ruat est un lieu hautement représentatif de l’histoire du Pays de Buch à l’époque moderne. D’un point de vue géographique, le Pays de Buch est bordé au nord par les Landes du Médoc, à l’est par les Landes de Bordeaux et la Grande Lande, à l’ouest par l’océan Atlantique sur lequel s’ouvre le bassin d’Arcachon et au sud par le Pays de Born.
Le château de Ruat se situe actuellementau bord de la route départementale 650, au niveau de la commune du Teich qui fait partie du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne. Il daterait du XVe, voire du XVIe siècle. La période de construction de ce château est en effet assez floue. De plus, dans un passé plus lointain, il semblerait qu’il existait un autre château fort médiéval3 qui se serait situé le long de la rivière d’Eyre aunord du château actuel et dont le rôle principal aurait été défensif afin de contrôler l’accès à la ville. On peut donc se demander si les deux châteaux ne sont en fait pas qu’un seul et même château, et s’il n’a pas été tout simplement déplacé au cours des siècles. La seule certitude, c’est qu’à l’époque médiévale, des tours d’observations en bois ont été érigées sur des mottes de terre autour duBassin d’Arcachon, afin de se prémunir des invasions par la mer. L’une d’entre elles s’élevait à l’emplacement actuel du château de Ruat. Et c’est donc précisément autour de ce bâtiment primitif que fut construit le château, progressivement développé et transformé entre la fin du Moyen âge et le XVIIIe siècle. En l’état actuel, le château de Ruat est de style renaissance avec un corps de logiscentral est rectangulaire avec deux niveaux couverts d’un comble, la tourelle d’angle et son toit pointu. Il comporte jusqu’à la Révolution deux ailes qui délimitent une cour en U. A noter que cette demeure se trouvait dans le passé au cœur d’un domaine4 qui comprenait le parc ornithologique actuel, incluant en vis-à-vis de sa face nord une partie de l’Eyre et un moulin à eau. Les fonctions de cechâteau ont évolué, passant de la protection et la défense, en un lieu de résidence et de plaisir tout particulièrement au XVIIIe siècle.
Concernant la genèse du nom donné au château dont les origines remontent au Moyen Âge, le terme de Château de Ruat n’apparaît pas dans les hommages avant 1616.Cependant le nom de la seigneurie apparaît dans un texte daté du 15 novembre 1510, puis dans d’autresdocuments mais sous des orthographes différentes comme Ruät, Rühat, Ruhat voire même sous un autre nom Ruffat5. L’origine du nom Ruat peut s’examiner de différentes façons. D’une part, il peut s’étudier d’un point de vue géographique, ce nom désigne un lieu de passage pour traverser une rivière ou un fleuve dans des régions ayant des zones inondables, c’est le cas des terres qui font partie duPays de Buch. D’autre part, le mot ruat pouvait signifier aussi aux commerçants itinérants et plus tard aux pèlerins de Saint- Jacques de Compostelle qu’il existait un point de passage de l’Eyre, en quelque sorte un gué aménagé au niveau du franchissement d’un cours d’eau. On peut penser que les seigneurs propriétaires de ces lieux ont ajouté à leur patronyme le mot ruat qui caractérisait un sitetrès spécial, pour le transformer en nom propre, dont la signification était connue de tous, même au delà du Pays de Buch.
Dans le premier quart du XVIIe siècle, le domaine de Ruat et les fiefs de Tagon, Artiguemale ou encore Mistre qui lui sont rattachés, appartiennent à la famille de Castéja6. Le dernier de la lignée, Jean Castéjà, cède Ruat vers 1610 à son épouse Isabeau de Gassie, puis à uneparente, Surienne de Gassie. Cette dernière va alors vendre le 6 avril 1620 le château de Ruat, ainsi que les domaines et les fiefs qui en dépendent, à Jean Castaing surnommé « Le Broy »qui décide aussitôt d’y élire domicile. Ce marchand de La Teste qui aurait fait fortune dans le commerce à bestiaux, n’en est pas à son coup d’essai dans ce genre de transaction immobilière. A la fin de l’année…