Le frisson de l’emeute

Fiche de lecture

« LE FRISSON DE L’EMEUTE »
Violences urbaines et banlieues
Sebastian ROCHE

Ed. Seuil, 2006, 215 pages

PMS SCE 41 : Sociologie de la jeunesse et de la politique de la ville

L’auteur du livre, Sebastian Roché, est responsable du pôle sécurité et société à Grenoble. Il est directeur de recherche au CNRS, et enseignant à Sciences-Po et à l’École nationalesupérieure de la police à Lyon. Il a été secrétaire général de la Société européenne de criminologie de 2001 à 2003. Il a publié « Police de proximité » en 2005. Spécialiste des violences urbaines, il a étudié les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises et publie en 2006 « Le frisson de l’émeute ». Cet ouvrage fait un retour sur la pire vague « d’émeutes urbaines » sans précédent qui embrasa lesbanlieues françaises durant l’automne 2005. Sébastian Roché, l’un des meilleurs spécialistes des questions d’insécurité sociale et d’incivilité, propose une analyse extrêmement fouillée qui n’épargne ni les émeutiers, ni les autorités, encore moins les sociologues idéologiquement marqués…

Il pose un regard de sociologue sur ce phénomène. Il se demande comment ces violences urbaines sedistinguent des autres manifestations par la violence ? Pour répondre à cela, il recherche les facteurs déclencheurs, il propose d’identifier les profils des émeutiers et de comprendre leurs motivations. « Ces émeutiers disent vouloir venger l’assassinat de leurs copains tués injustement par la police. Mais plus généralement, les émeutiers disent vouloir exprimer leur rage vis-à-vis des injustices, desbavures policières, des discriminations, des humiliations et de la « galère » qu’ils ne supportent plus ».
Dans les trois derniers chapitres, l’auteur s’interroge sur ce qu’il faudrait changer pour remédier à la situation. Peut-être faudrait-il changer le système de police qui ne semble pas être efficace, ou bien changer les dispositifs de prévention mis en place. Pour trouver de meilleuressolutions, il est important de s’inspirer des précédents afin de ne pas rééditer les mêmes erreurs et maladresses. En tout cas, ces émeutes doivent être prises au sérieux : elles sont le signe de graves dysfonctionnements de nos sociétés. Or, au sein de ces phénomènes de fragmentation sociale et culturelle, un acteur occupe une place particulière : les « jeunes de banlieue » populaire. Cependant, laplupart du temps, le monde des « jeunes de cité » est appréhendé sous l’angle de la dangerosité et de la marginalité. La représentation de ces jeunes n’est pas associée à une ressource mais dominée par la délinquance, la violence et le racisme. Les ignorer et ne pas en tirer les conséquences qui s’imposent traduisent une cécité coupable et/ou un manque de courage non moins coupable. Qui tôt ou tardrisque de se payer au prix fort. Un avertissement salutaire et solidement argumenté.

J’ai donc choisi d’orienter cette fiche de lecture autour des notions de violences urbaines et d’émeutes. Dans une première partie, je vous proposerai un résumé actif de l’ouvrage précédemment cité. Afin de rendre compte fidèlement des conceptions de l’auteur, nous en suivrons les idées principales. Quelquesmises en liens avec d’autres pensées de sociologues (en dehors de la partie réservée à cet effet) émailleront les propos de l’auteur, elles sont signalées soit en italique, soit par une note de bas de page. Dans la seconde partie, il s’agira d’établir une mise en perspective entre l’ouvrage et une analyse, avec d’autres auteurs, tel que Alain Vulbeau, Stéphane Beaud, Michel Pialoux et LaurentMucchielli, qui ont eux aussi analysé ces évènements d’émeutes urbaines.

Afin de résumer au mieux l’ouvrage de Sebastian Roché, il est intéressant de décrire l’enchaînement des faits qui ont conduit à la mort des deux adolescents, Ziyed et Bouna, près de Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005.
Dans le chapitre I, l’auteur propose de réaliser une reconstitution précise qui permettrait…